Prix Manor Vaud 2014, Julian Charrière propose un superbe voyage dans le temps au Musée des beaux-arts de Lausanne. Cet élève d’Olafur Eliasson a la croûte terrestre comme matière première et sujet de questionnement. Tirant profit de multiples moyens d’expression (photo, installation, vidéo, performance), il fige la durée en congelant des plantes, des bureaux ou en faisant exploser sur un mur des sabliers emplis du sable de toutes les ères géologiques. Il rejoue la menace du réchauffement climatique en faisant fondre au chalumeau des icebergs. Il va et vient dans les époques en filmant le site nucléaire de Staline au Kazakhstan, tout en faisant référence à une nouvelle postapocalyptique de J. G. Ballard. Julian Charrière, enfin, évoque le temps présent par une impressionnante installation de briques de sel (quinze tonnes au total) dans une grande salle du musée vaudois. Ces parpaings sont issus des déserts de sel des Andes d’où est extrait le précieux lithium, le métal de notre grande conversion numérique, en n’oubliant pas qu’il soignait les nerfs des grands romantiques. Bref, les énergies, les flux telluriques, les états de la matière, mais aussi la beauté fragile sont au cœur de la réflexion de l’artiste vaudois.
Musée des beaux-arts, Lausanne. Jusqu’au 11 janvier.
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