Suspense. Publiée au Danemark en 2002, soit dix ans avant la série culte, «L’héritière», chronique haletante d’une femme au pouvoir, premier tome d’une trilogie à succès, est enfin traduite en français.
Vous avez aimé Borgen, la série télévisée danoise qui prouve que la vie d’une première ministre d’un pays scandinave de cinq petits millions d’habitants est digne de Dallas et des Borgias réunis? Mieux, vous n’avez pas vu Borgen mais ne doutez pas que la politique, lorsqu’on est une femme, vaut bien une balade dans la jungle sans couteau suisse?
L’héritière est pour vous. Premier tome d’une trilogie publiée au Danemark entre 2002 et 2008, ce roman raconte les aventures de Charlotte Damgaard, 35 ans, jeune espoir du Parti social-démocrate de son pays, militante écologique et présidente de l’association Les amis de la nature, mère de jumeaux de 5 ans, mariée à Thomas, employé d’une organisation humanitaire qu’elle s’apprête à suivre en Ouganda. Elle a quasi les mains dans la farine des biscuits de Noël lorsque son téléphone sonne: en plein remaniement gouvernemental, le premier ministre lui propose le siège de ministre de l’Environnement. Evidemment, elle accepte.
C’est le début d’une nouvelle vie. Femme, jeune, jolie et écolo, rien ne lui est épargné dans les arcanes du pouvoir dont elle doit rapidement maîtriser les codes sous peine de mort politique immédiate. Les médias ne lui font pas de cadeau, les courtisans se pressent, les amis se méfient, son parti l’accuse de faire des compromis indignes, le premier ministre la voit avec satisfaction puis inquiétude prendre une place de plus en plus grande au gouvernement, son conseiller personnel tombe secrètement amoureux d’elle, ses enfants ne la voient plus et son mari, passé le premier élan de fierté, découvre les aléas de la vie de mari-de-madame-la-ministre. Hyperréaliste, passionnant, documenté, original, malin et attachant, L’héritière explore avec conviction et précision les arcanes du pouvoir contemporain version femme, analysant finement les enjeux politiques et personnels auxquels Charlotte est confrontée du jour au lendemain.
Best-seller
Journaliste politique de renom, fille aînée de Knud et Kirsten Holst, un couple d’écrivains très populaires au Danemark, mariée en 1984 au chef de cabinet du gouvernement Laurs Nørlund puis au début des années 90 au cinéaste Morten Bruus, Hanne-Vibeke Holst, 55 ans, féministe engagée, a commencé par une carrière dans la littérature pour enfants avant de passer au roman puis à l’écriture de pièces de théâtre. Les trois volumes de sa trilogie (Kronprincessen, Kongemordet et Dronningeofret) ont connu un succès immense dans les pays scandinaves et en Allemagne, et sont en cours de traduction anglaise.
A tel point qu’à la diffusion du premier épisode de la série Borgen (du surnom «le Château» donné aux bureaux du gouvernement dans le château de Christiansborg à Copenhague), en septembre 2010, tout le monde y a vu la source d’inspiration principale de son créateur Adam Price, bien que Hanne-Vibeke Holst ne soit pas créditée au générique des trois saisons de la série. On dit qu’un accord discret aurait été signé entre eux, après coup…
Héloïse d’Ormesson avait repéré la trilogie alors qu’elle était éditrice chez Denoël, il y a plus de dix ans. Mais le projet cadrait mal avec les collections de la maison. Désormais patronne chez elle, elle apprend que les droits sont toujours disponibles en français. Deux ans plus tard, le temps que Caroline Berg, l’une des rares bonnes traductrices du danois soit disponible, elle est ravie de publier ce qu’elle qualifie de «romanesque intelligent» qui «montre ce qu’on montre rarement dans la fiction contemporaine: le fait qu’une femme aborde le pouvoir différemment d’un homme, soit la conjugaison de la politique au féminin, et le grand écart entre l’intime et le politique lorsqu’on est soi-même au pouvoir».
Les 2e et 3e volumes de la trilogie sont prévus pour 2015 et 2016. Patience.