C’est d’abord sous le nom de Manitoba qu’on l’a découvert. Dan Snaith a 23 ans lorsqu’il publie en 2001 Start Breaking My Heart, un album électro exigeant, sonorités métalliques et rythmiques savantes. Deux ans plus tard, Up In the Flames voit le Canadien délaisser la sécheresse des machines pour enregistrer un album organique porté par d’hypnotiques mélodies psychédéliques. Mais, au moment où Manitoba s’impose, Snaith se voit contraint de changer de nom. Il avait opté pour un pseudo en hommage à son pays, voilà qu’un ancien punk yankee pas très rock’n’roll se faisant appeler Handsome Dick Manitoba le menace d’un procès. Snaith décide de rester fidèle à ses racines – il est originaire de la bourgade de Dundas, dans l’Ontario – et devient Caribou.
Sur son septième album (si l’on prend en compte Jiaolong, un essai techno taillé pour les dancefloors publié en 2012 sous le nom de Daphni), Snaith ne se refuse rien, ni d’incandescentes mélodies pop, encore moins des ambiances très soul, le tout sous emballage électro. Après avoir enfin connu le succès – sorti en 2010, Swim lui a permis de devenir un DJ très demandé –, il se lâche pour livrer un album aussi ample que son premier effort était hermétique.
Si le disque s’appelle Our Love, c’est parce qu’il a été élaboré dans la cave de sa maison londonienne, où il vit avec sa famille. Lui qui parfois passait vingt heures d’affilée à élaborer quelques sons a travaillé de manière décontractée, dès qu’il en avait l’occasion. Cela s’entend: Our Love est malgré les outils numériques un album chaud et sensuel, qui irradie dès la première écoute. Lorsque l’Ontarien s’empare du micro pour quelques titres évoquant une jam entre les Pet Shop Boys et Antony Hegarty, on est définitivement conquis.
Caribou, «Our Love». CitySlang/TBA.