En compétition à Cannes, «Michael Kohlhaas» est un envoûtant film en costume, sublimé par la réalisation organique d’Arnaud des Pallières.
ADAPTATION Publié en 1810 par Heinrich von Kleist, Michael Kohlhaas raconte, d’après des faits survenus dans l’Allemagne du XVIe siècle, l’épopée vengeresse d’un marchand trompé par un seigneur, débouté par les tribunaux et dont l’épouse sera assassinée. Adapté par Volker Schlöndorff en 1969, ce roman adulé par Kafka est aujourd’hui revisité, et transposé dans les Cévennes, par Arnaud des Pallières.
Réalisateur discret dont les précédents longs métrages n’ont eu que peu de retentissement public (Adieu en 2003, Parc en 2009), Arnaud des Pallières explore régulièrement les marges du cinéma documentaire à travers des essais très personnels à la portée philosophique, le plus connu étant Disneyland, mon vieux pays natal (2002). Etonnant, dès lors, que de le voir se frotter au film en costume. Si ce n’est qu’il déjoue, on pouvait s’en douter, tous les codes inhérents au genre. Porté par un extra-ordinaire Mads Mikkelsen dont il utilise parfaitement, à l’instar de Nicolas Winding Refn dans Valhalla Rising (2009), le physique sculptural et la fabuleuse expressivité, Michael Kohlhaas fascine d’abord par sa formidable utilisation des paysages naturels et des éléments (vent, brume, soleil), lesquels donnent au film une envoûtante dimension organique et des airs de western. Si le discours sur la vengeance et le rapport à la religion de Kohlhaas (belle séquence avec Denis Lavant en Luther) s’en trouve parfois relégué au second plan, le travail formel d’Arnaud des Pallières, qui joue de plus à merveille avec les accents et les physiques d’un casting hétérogène, fait toute la réussite de ce film hypnotique.
D’Arnaud des Pallières. Avec Mads Mikkelsen, Bruno Ganz et Denis Lavant. France, 2 h 02.
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