Qu’est-ce qu’un artiste, sinon celui qui recommence sans cesse la même œuvre, l’affinant, la creusant, l’interrogeant, la rendant plus belle? Thierry Lang est comme cela depuis des années, jazzman, mais du genre mélodique, harmonique: on entend autant Chopin que Bill Evans dans le toucher du plus virtuose des pianistes du pays.
Il recommence, donc, en trio, mais c’est un trio spécial et fraternel. Un vieux complice à la contrebasse, Heiri Kaenzig, le plus Suisse des New-Yorkais. Et une idée formidable en troisième homme: les percussions d’Andi Pupato, prodigieux petit gars de Zurich.
Ce qui se passe est pure magie. Le clapotis des percussions, ce sont des espaces plus ouverts, de la place, de la lumière. Et la basse, elle est comme une ligne d’horizon. Lang, là-dessus, ralentit le tempo, s’insinue, joue de son Steinway noir comme on caresse durant l’amour. Une économie de mots, une façon de vous prendre la main aussi, et de ne jouer que l’émotion forte. Serenity, titre éponyme de cet album magnifique, peut vous tirer des larmes de joie. Et tout le disque est comme ça: une longue mélodie qui vous ouvre le cœur.
