Directeur de la création chez Yves Saint Laurent, Hedi Slimane l’est aussi de l’image de la maison de couture. Il est dès lors intéressant d’apprécier son talent de faiseur d’images dans l’enceinte même de Saint Laurent, à Paris. Juste pour prendre la mesure des détours et atours de la communication contemporaine dans l’industrie du luxe. Hedi Slimane y expose ses photographies en noir et blanc des scènes rock de Londres et de Los Angeles. Il y ajoute des portraits en studio de musiciens célèbres, dont Lou Reed, Johnny Rotten ou Brian Wilson, ainsi que des scènes urbaines: graffitis, affiches déchirées à la Jacques Villeglé, pavements luisants à la Irving Penn.
Autant dire qu’il s’agit d’un univers visuel puissamment codé, avec ses ingrédients invariables de corps en sueur et taches de bière au sol. Et ses icônes du moment, comme Pete Doherty, dont les poses rimbaldiennes sont documentées en abondance. L’esthétique noir et blanc du propos est elle-même référencée, renvoyant aux travaux de plusieurs générations de photographes du bruit et de la fureur sur scène.
Il ne s’agit pas de nier l’habileté du photographe Hedi Slimane. S’il n’est pas Robert Mapplethorpe, certains de ses portraits sont très réussis. Mais la réactivation de la mythologie rock sert un dessein: légitimer la responsabilité de Slimane au sein de Saint Laurent et les accents rock qu’il a donnés aux collections dans son atelier de West Hollywood.
«Sonic». Hedi Slimane. Fondation Pierre Bergé/Yves Saint Laurent, Paris. Jusqu’au 11 janvier.
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