L’enquête photographique est contemporaine de la naissance du médium. Dès 1851, l’Etat français confiait à des photographes la mission de documenter les monuments historiques du pays. Ce type de commande institutionnelle portant sur un territoire donné s’appuie sur la double identité de la photo, à la fois artistique et documentaire. En Suisse, les cantons de Fribourg, de Neuchâtel ou du Valais font perdurer cette tradition qui s’adresse aussi, par sa possibilité d’archive, aux générations futures. Encourager une mission photographique est aussi un acte politique responsable qui s’inscrit dans un temps long.
Relancée en 2010, organisée tous les deux ans, l’enquête photographique valaisanne a cette année pour thème la «Tendance», après avoir proposé «Transhumance» et «Nuance». Le résultat souffre de cette thématique très large. Les tendances de fond du Valais en 2014, comme l’enjeu polémique du territoire et du tourisme, l’élan dans la recherche et la technologie ou le dynamisme de l’actuelle politique culturelle sont ici peu ou pas évoqués. Les dix photographes choisis ont préféré observer les passe-temps dominicaux, des jardiniers au travail, des danseurs folkloriques ou le fil du Rhône. Le travail de scientifiques en haute montagne, les rêves des jeunes nés dans les années 90 ou la créativité de l’Ecole d’art du Valais sont certes évoqués. Mais, faute sans doute de consignes précises dans la formulation du concours, rien ici ne nous fait ressentir la «tendance» profonde d’un canton aujourd’hui, ni en quoi elle est différente d’hier.
Ce qui ne veut pas dire que ce projet collectif manque d’intérêt, ni de talent. Les portraits, par Robert Hofer, d’acteurs culturels chez eux, devant leur bibliothèque (avec la mention de leur nombre d’amis sur Facebook), sont excellents. Comme sont formidables les images silencieuses, si sensibles, de Delphine Schacher sur un couple d’agriculteurs de Beudon, au-dessus de Fully.
Enquête photographique valaisanne. La Grenette, Sion.
Jusqu’au 26 octobre. www.eq2.ch
