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La naissance des nanas de Niki de Saint Phalle

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Jeudi, 25 Septembre, 2014 - 05:49

Photographie. Un reportage d’Yves Debraine à l’Hôtel Chelsea de New York en mars 1965, où travaillaient alors l’artiste et son compagnon Jean Tinguely.

La rétrospective de l’œuvre de Niki de Saint Phalle (1930-2002) qui s’est ouverte au Grand Palais de Paris réserve bien sûr une bonne place aux fameuses «nanas» de l’artiste française. Ces sculptures féminines à la fois menaçantes et exubérantes, actes de résistance et presque d’agression contre la domination mâle, restent les créations les plus connues de Niki de Saint Phalle. L’exposition parisienne, que l’artiste aurait sans doute trouvée trop sage, revient notamment sur la genèse des nanas dans les années 60. Un jour, à New York, Niki de Saint Phalle s’est lancée avec son ami Larry Rivers dans un grand dessin de l’épouse du peintre et sculpteur, Clarice, alors enceinte. Le dessin est un amalgame de couleurs et d’objets divers, notamment dans le ventre bombé de la femme, proche esthétiquement de l’univers faussement naïf d’un Dubuffet. Cette grande œuvre aurait donné l’idée des nanas à Niki de Saint Phalle.

J’ai retrouvé dans les archives de mon père, Yves Debraine (1925-2011), un reportage qui date précisément de cette période féconde. Photoreporter pour L’illustré et le magazine américain Life, Yves Debraine était souvent à New York dans les années 60. Ami de Jean Tinguely, il l’avait rejoint en mars 1965 à l’Hôtel Chelsea, à Manhattan, connu pour abriter tout ce que la ville comptait comme artistes et bohèmes (le directeur du Chelsea se faisait souvent payer en œuvres d’art). En particulier les Nouveaux réalistes qui logeaient là, comme Arman, les Suisses Jean Tinguely et Daniel Spoerri, ainsi que Niki de Saint Phalle, compagne de Tinguely (ils se marieront en 1971). C’était l’occasion pour Yves Debraine de tester un nouvel objectif «fish eye», ou œil de poisson, un très grand angulaire avec lequel les artistes du Chelsea ont joué de bonne grâce, multipliant les effets.

Alors à New York pour une exposition, préparant d’autres accrochages à Bâle et à Paris dans l’année, Niki de Saint Phalle, 35 ans, était en plein travail sur ses grandes sculptures de «mariées» et peintures de figures féminines. Elle connaissait la ville pour y avoir vécu dans son enfance et sa jeunesse. Dans les notes de mon père, j’ai retrouvé un commentaire de Niki de Saint Phalle: «Les Etats-Unis sont un pays neuf pour l’art. Ils sont sensibles aux expressions nouvelles. En Europe, on préfère les formes plus classiques. Ici, les gens ne sont pas encombrés par de vieux meubles!»

«Niki de Saint Phalle».
Paris, Grand Palais.
Jusqu’au 2 février 2015. 

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Yves Debraine
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