En 2010, l’Anglaise Gemma Arterton se distinguait dans l’irrésistible satire sociale Tamara Drewe, de Stephen Frears, dans laquelle elle interprétait le personnage éponyme. Ce qu’elle fait de nouveau dans Gemma Bovery, signé Anne Fontaine. Un film adapté, lui aussi, d’un roman graphique de sa compatriote Posy Simmonds. La réalisatrice française n’imaginait pas que Gemma accepterait de jouer Gemma et de retrouver une seconde fois l’univers de la dessinatrice. Mais finalement la comédienne est venue pousser la porte du casting et s’est imposée comme une évidence. Impossible en effet d’imaginer quelqu’un d’autre dans le rôle, tant son mélange de beauté surfaite, d’énergie et de naïveté est en parfaite adéquation avec son personnage.
Martin, un Parisien cultivé et amateur de grande littérature, a décidé de retrouver sa Normandie natale, où il est devenu boulanger. Là encore, impossible d’imaginer un autre acteur que Fabrice Luchini pour incarner cet intello qui se rêve proche des gens et de la terre mais reste le plus souvent perdu dans ses lectures. Voilà que deux nouveaux voisins emménagent: Charlie Bovery et sa jeune épouse, Gemma. Son sang ne fait qu’un tour: grand connaisseur de Flaubert, il a devant les yeux des incarnations vivantes de Charles et Emma Bovary. Il ne cessera dès lors d’analyser le comportement de ces Anglais expatriés à l’aune du roman, jusqu’à en perdre quasiment la raison. Le plaisir qu’a Anne Fontaine de jouer avec les clichés et de filmer ses personnages est contagieux: on s’amuse beaucoup avec ce film parfaitement rythmé et admirablement dialogué, et ne parlant finalement que d’une chose: la prépondérance de la fiction sur le réel.
«Gemma Bovery». D’Anne Fontaine. Avec Fabrice Luchini, Gemma Arterton, Jason Flemyng et Kacey Mottet Klein. France, 1 h 39.
