Il porte un catogan, brille à l’oral, a cultivé des espérances littéraires avant d’être élu aux plus hautes fonctions politiques tout en portant des thèses d’extrême droite: impossible de ne pas reconnaître, derrière le personnage de Rudolf Schumacher, le héros de L’assassinat de Rudolf Schumacher, le politicien UDC et conseiller d’Etat valaisan Oskar Freysinger. Las: ledit Rudolf meurt assassiné à la page 16 du roman de l’écrivain Bastien Fournier, 33 ans, auteur d’une dizaine de livres, Prix culturel de la ville de Sion en 2006 et d’encouragement de l’Etat du Valais en 2012.
A paraître le 1er septembre, puis en allemand chez Bücher Verlag cet hiver, L’assassinat de Rudolf Schumacher, polar sophistiqué doublé d’une vigoureuse critique du landernau sociopolitique valaisan et d’un portrait au vitriol de l’homme au catogan, promet de susciter une belle polémique. Plaisanterie de mauvais goût? Livre de combat? Pour Michel Moret, patron des Editions de l’Aire, éditeur du livre: «Ça fait drôle, je suppose, d’être dirigé par un polichinelle politique. Les plus faibles l’adulent, les plus forts le critiquent. Bastien Fournier a opté pour le défoulement. C’est son droit et sa nécessité.»
Bastien Fournier l’assume: «Je souhaitais donner à ce roman – qui reste avant tout une fiction – une couleur politique. Tout est politique, et un livre peut-être plus que toute autre chose. Bien sûr, la politique menée par un homme d’Etat tel que celui que j’ai inventé et que j’ai mis en scène dans ce texte ne me plairait pas. Concernant mon personnage, tout ce que je n’ai pas trouvé dans les médias est de la pure invention, et on aurait tort de faire de ce livre une lecture trop transparente.»