Pendant la Première Guerre mondiale, le marché du divertissement ne s’est pas arrêté, bien au contraire. Le Musée suisse du jeu en fait la démonstration avec sa nouvelle exposition sur les jeux de société édités entre 1914 et 1918 en Europe, présentée jusqu’au 16 novembre. Première surprise, on y découvre que, plutôt que d’être freinés par le conflit, les éditeurs y ont trouvé une source d’inspiration. «A l’époque, pour eux, l’actualité constituait le principal argument de vente, commente Ulrich Schädler, conservateur du musée. Les jeux avaient un véritable caractère informatif.» Du coup, les plateaux des jeux d’échecs se transforment en cartes de l’Europe, les cases des jeux de l’oie s’illustrent d’événements et de personnages clés de la Grande Guerre et les jeux de stratégie en viennent à opposer Allemands et Français.
Le visiteur s’amusera ainsi à découvrir des jeux souvent caricaturaux, ou parfois carrément nationalistes ou au service de la propagande. Comme cette roulette revisitée à la sauce française, dont le but est de faire basculer de petits bustes fixés sur les bords du plateau. «Faire tomber un Allemand valait 3 points, un Autrichien 2 et un Turc 1, précise Ulrich Schädler. Les éditeurs exploitaient les jeux pour transmettre leur vision du conflit. Pour nous, il s’agit de véritables sources historiques.» En effet, l’exposition permet aux visiteurs de découvrir une face encore inconnue et surprenante de la guerre. Petite, mais dense, elle se concentre dans une seule vitrine de quelques mètres de long. «Nous voulions une présentation très ciblée, très pointue et condensée, justifie le conservateur. D’où son nom d’expo-dossier.»
Tout visiteur intéressé veillera ainsi à se munir du livret explicatif mis à disposition à l’entrée. Sans lui, il risque de passer à côté de détails à première vue anodins, mais qui font pourtant toute la richesse de cette exposition.