Quelle chance tu as, lecteur, de découvrir des inédits du Prix Nobel japonais Yasunari Kawabata. Après Les pissenlits en 2012, Albin Michel, grâce à la traductrice Cécile Sakai, t’offre cette fois six récits inédits du maître qui s’est donné la mort en 1972. Dans ce Japon où la tradition est encore très présente, la vie des hommes, leurs amours, leurs liens y sont aussi fragiles que la première neige, ou les dernières feuilles accrochées à l’automne sur les branches d’un ginkgo. Un homme et une femme autrefois séparés se retrouvent. Une jeune fille va se marier et quitter ses parents. Un homme revient dans son village natal et aperçoit le fantôme de l’enfant qu’il a été. Un vieil écrivain refuse de parler et d’écrire, se mure «dans le territoire sacré du silence»… Ces textes sont comme des cloisons de papier, laissent s’imprégner des vies entières en quelques ombres.
On y retrouve le style subtil de Kawabata, émouvant mais retenu (comme dans ses romans Pays de neige ou Les belles endormies, à l’érotisme entêtant). Chaque nouvelle finit de manière suspendue, comme la vie de ses personnages. Ainsi, elles résonnent chez le lecteur, libre de leur donner l’ampleur de son propre vécu. La maestria est discrète, comme improvisée, vivante, et non figée dans la perfection. Un idéal auquel devrait tendre toute la littérature…
«Première neige sur le mont Fuji». De Yasunari Kawabata.
Albin Michel,v156 p. En librairie le 4 septembre.