Match spécial vacances, cette semaine: prise d’une cosse estivale irrésistible, je renonce à conseiller à mes lecteurs ce qu’ils devraient lire. Je vais au contraire lire ce qu’ils lisent sans que personne ne le leur ait vraiment conseillé. C’est simple: depuis trois mois, tout le monde lit Une autre idée du bonheur de Marc Levy et Muchachas de Katherine Pancol, qui caracolent en tête des meilleures ventes depuis respectivement le 24 avril pour lui et fin février pour elle, le 1er tome de Muchachas ayant été rejoint en avril puis en juin par les tomes 2 et 3 au nirvana des best-sellers. A mon tour!
Femmes, femmes, femmes. Les lecteurs sont le plus souvent des lectrices, Levy comme Pancol le savent bien, qui ont pensé à moi et déroulent deux histoires de filles 100% sentiments garantis. Une autre idée du bonheur raconte l’évasion d’Agatha loin de la prison où elle croupissait injustement depuis trente ans, puis son road-trip à travers les Etats-Unis avec Milly, une automobiliste de vingt ans sa cadette. Muchachas suit le destin de Stella, une jeune mère qui élève seule son fils, et de sa mère, Léonie, battue par son mari. Pour contrebalancer cette intrigue à la Cosette, on retrouve par ailleurs l’univers glamour de l’héroïne précédente de Pancol, soit Hortense Cortès, à New York.
Démago. Langage simple, dialogues simplissimes, personnages simplement élaborés: c’est la littérature anti-exclusion. Kifkif bourricot? Que nenni. Si on aime la passion fidèle, on ne se plaint pas de traînasser avec Pancol le long des 1438 pages gentiment délayées des trois tomes des Muchachas. Mais qui trop embrasse mal étreint: à force de vouloir tout mettre dans ses histoires à étages, la vie, l’amour, la mort, l’ambition, la pauvreté, la richesse, la résilience, le bonheur, le malheur, la trahison et des personnages par dizaines, dont certains repiqués de sa trilogie précédente, on s’y perd, ou on s’ennuie, parfois les deux. Levy, focalisé sur le tandem Agathe-Milly et sur le thème de la liberté et de la remise en question personnelle, ne prend le risque ni de lasser ni d’ennuyer. Sage précaution.