Il n’est jamais trop tard: Shell arrive près de deux ans après sa première au London Film Festival. Petite production écossaise réalisée grâce à l’appui d’Arte et de la ZDF, il offre une belle solution de rechange aux produits formatés qui trustent les écrans durant l’été, même si on note une tendance croissante des distributeurs à tenter la carte du film d’auteur comme autre choix que la plage.
Shell a 17 ans, elle gère avec son père garagiste une station-service perdue au milieu des Highlands. Dans sa vie, il ne se passe rien. Si ce n’est parfois une crise d’épilepsie de son père Pete, qui ne s’est jamais remis du départ de sa femme alors que sa fille n’avait que 4 ans. Ou la brève halte d’un homme divorcé s’arrêtant pour un plein et un doux regard lorsqu’il va trouver ses enfants. Le quotidien de Shell est triste comme le ciel d’Ecosse, mais la jeune fille semble résignée.
Yoliswa Gärtig, chef opérateur, Allemande d’origine sud-africaine, filme magnifiquement ces Highlands quasi monochromes. Peut-être parce qu’elle ne les connaît pas véritablement, qu’elle les voit avec l’œil d’un peintre attiré par la magie de la lumière naturelle écossaise, et non avec le regard d’un autochtone habitué à l’aridité sauvage de ces paysages dont l’étendue renforce l’enfermement tant physique que mental de Shell.
A partir de là, le réalisateur Scott Graham s’ingénie à suggérer plus qu’à expliciter, et à ne jamais, jusqu’au dénouement final, laisser son récit s’emballer un tant soit peu. Ce premier film est certes très prometteur, mais le cinéaste aurait gagné à épaissir un peu ses personnages.
«Shell». De Scott Graham.
Avec Chloe Pirrie et Joseph Mawle. Grande-Bretagne, 1 h 30.