De l’art du buzz. Irma a bientôt 26 ans, Lana Del Rey deux ans de plus. Les deux chanteuses sont le fruit du web 2.0: c’est sur les réseaux sociaux qu’elles sont nées musicalement. Irma commence par publier des vidéos, elle se filme seule à la guitare, son authenticité plaît et attire l’attention d’une plateforme de financement participatif. Grâce aux 70 000 euros qu’elle récolte auprès des internautes, son premier album, Letter to the Lord, sort en février 2011, précédé du single I Know et sa mélodie instantanément entêtante. Trois mois plus tard, c’est au tour de Lana Del Rey d’affoler la Toile avec le clip de Video Games, un collage qu’elle a réalisé elle-même. D’où sort cette chanteuse pin-up? On découvre vite qu’elle essaie de percer depuis plusieurs années, qu’elle a déjà enregistré un disque et que le buzz semble orchestré par la puissante major Universal.
Noirceur hollywoodienne contre chaleur africaine. Irma et Lana Del Rey présentent leurs nouveaux albums respectifs comme cinématographiques, dans le sens où il suffit de les écouter et de fermer les yeux pour se faire son propre film. A ce petit jeu, convenons que la seconde est plus à son aise. La pop sombre et évanescente de l’Américaine, fascinée par la mythologie de l’âge d’or de Hollywood, a bien quelque chose de cinématographique, tandis que le folk enjoué et solaire d’Irma est plus roboratif qu’évocateur – la Parisienne d’adoption a grandi au Cameroun, et cela s’entend.
Recettes inchangées. Même si sur Shades of Cool elle ose une surprenante envolée à la Cocteau Twins, Lana Del Rey reste fidèle à son univers. Avec en prime un supplément d’âme dû à la production de Dan «Black Keys» Auerbach. De même, Irma ne surprend guère, et tente d’ailleurs avec You and Me de nous refaire le coup de I Know. Les deux chanteuses sont finalement complémentaires, l’une accompagnant parfaitement les soirées spleen tandis que l’autre illumine les matins pleins d’espoir.
