On aime Robert Guédiguian pour son engagement social, pour la force de son cinéma qui, malgré le soleil, le pastis et les accents chantants, s’avère très juste dans ce qu’il dit du prolétariat et des rapports de force entre les classes. Il y a deux ans, le Marseillais réussissait avec Les neiges du Kilimandjaro un de ses meilleurs films, un mélodrame social parlant licenciement et chômage, mais aussi espoir et résilience. Le voilà qui revient avec un dix-huitième long métrage qu’il définit, dès son générique, comme «une fantaisie».
Dans la mythologie grecque, Ariane offre à Thésée un fil qui lui permettra de retrouver son chemin dans le labyrinthe du Minotaure. Dans Au fil d’Ariane, le personnage-titre, évidemment interprété par Ariane Ascaride, muse et épouse de Guédiguian, va dérouler son propre fil pour tenter d’échapper à sa condition de femme au foyer désespérée. Voilà donc Ariane s’offrant le jour de son anniversaire une escapade qui va la mener au bord de la mer, dans un petit bistrot tenu par un charmant célibataire. On le comprend vite, le film emprunte sa dramaturgie au conte. Construit autour d’une succession d’épreuves (le vol du sac à main, le toit à trouver pour passer la nuit) et de rencontres (le chauffeur de taxi mélomane, le tenancier de bar accueillant, la tortue confidente, le griot africain déraciné), il respecte sa promesse initiale de n’être qu’une fantaisie. Le problème, dès lors, est que sans être totalement indigne il avance mollement jusqu’à sa résolution finale maladroite. Les personnages sont en outre flottants et on ne s’y attache pas vraiment, ce qui est problématique lorsque le récit, mis en scène sans grande imagination, repose entièrement sur eux.
«Au fil d’Ariane». De Robert Guédiguian. Avec Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Anaïs Demoustier et Jacques Boudet. France, 1 h 40.