Il est des expositions qui tombent bien dans l’actualité. D’autres plus mal. Comme la sélection de 70 peintures proposée par le Musée cantonal des beaux-arts de Lausanne. Le regard jeté sur la peinture russe sous le règne du tsar Alexandre II, période de conquête territoriale et d’affirmation de l’identité nationale, est teinté des mêmes ambitions que celles de l’actuel maître du Kremlin. Même si elle est anachronique, cette lecture politique est renforcée par le propos des petits maîtres réalistes collectionnés par la Galerie nationale Tretiakov à Moscou, dont est issue l’exposition lausannoise: la plupart exaltent l’âme russe dans les vastes paysages de l’empire, ainsi que dans une classe paysanne à peine sortie du servage. Leur art est lui-même la légitimation d’une politique expansionniste, même si certains d’entre eux prônent l’avènement d’une société démocratique, moins dominée par l’aristocratie.
La création picturale russe, en cette fin de XIXe siècle, n’a de plus ni la puissance ni la singularité expressives de la littérature de l’époque, nourrie par les Tchekhov, Tosltoï ou Dostoïevski. Reste alors le plaisir de découvrir d’intéressantes nocturnes ou quelques grandioses vues du Caucase. Loin, toutefois, de la Magie du paysage russe vantée par le titre de l’exposition.
Lausanne, Musée cantonal des beaux-arts.
Jusqu’au 5 octobre 2014. www.musees.vd.ch
