On connaissait Edmée Fleury comme l’une des voix du trio vocal Nørn, on la retrouve avec un album solo à la fois âpre et séduisant, virtuose mais à la complexité jamais handicapante. Probablement, ou plutôt sûrement, parce que cet Oh ma lune!, qui nous aspire littéralement dès la première écoute, est né sur scène avant d’avoir été gravé pour l’éternité.
Créé il y a une année dans un théâtre lausannois, Oh ma lune! a été construit comme un jeu autour d’une collection d’instruments, jouets et objets divers devenus pour la chanteuse vaudoise une sorte de bateau ivre, d’orchestre brinquebalant où une cithare se prend pour un piano, une boîte de conserve se rêve en batterie tandis que des cloches scandent des beats électro. On va de surprise en surprise à l’écoute de cet enregistrement singulier, estampillé chanson mais capable d’évoquer le son anxiogène de Suicide dans les premières mesures du Secret des fous, alors que c’est dans le blues du bayou que nous emmène le somptueux finale du morceau qui donne son titre à l’album.
Edmée Fleury présente les onze plages d’Oh ma lune! comme de la «chanson bricolo-électro». Une manière de dire qu’il y a là quelque chose de ludique, sans prétention. Certes, la chanteuse s’est amusée, avec l’aide de l’ingénieur du son Bernard Amaudruz, à élaborer ses compositions son après son. Mais, derrière l’amusement, il y a un travail d’une rare minutie qui peut rappeler la démarche d’une Björk. Ou de Camille, autre funambule vocale qu’Edmée Fleury évoque irrémédiablement.
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