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Blur au Paléo: filles et garçons, dansez maintenant!

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Jeudi, 25 Juillet, 2013 - 05:58

La manifestation nyonnaise accueille samedi 27 les Londoniens pour un concert événement. Bien plus qu’un simple rescapé de la déferlante britpop des années 90, Blur demeure l’un des groupes les plus influents de la scène britannique. A l’image de son chanteur Damon Albarn, qui de sautillant blondinet s’est mué en producteur et musicien visionnaire.

Samedi soir, alors que sonneront les douze coups de minuit, pas question de quitter le bal du Paléo Festival. C’est en effet à ce moment précis que résonneront sur la plaine de l’Asse les premières mesures de Girls & Boys, hymne sautillant qui, en 1994, fit de Blur le fleuron de la scène britpop, au moment même où Oasis présentait son premier single, Supersonic. Si le groupe londonien emmené par Damon Albarn a choisi de démarrer les concerts de sa première tournée mondiale en dix ans par son plus grand tube, c’est pour mieux souligner à quel point il incarne à lui seul la pop anglaise des années 90, à l’instar des Smiths une décennie plus tôt et des Beatles ou des Kinks auparavant.

Et c’est un fait: qui écoute encore les albums des Bluetones, de Dodgy, Elastica, Gene, Shed Seven, My Life Story, Sleeper et même des flamboyants Suede de Brett Anderson? Seul Blur a véritablement su se renouveler et s’imposer sur la durée. Parce que le son du quartet, bien que dans l’air du temps, était bien plus profond que la pop guillerette et sans réelles aspérités de la plupart de ses confrères.

Nouveaux horizons. Flash-back. Lorsque Damon Albarn, Graham Coxon, Alex James et Dave Rowntree se produisent en 1993 au Mad de Lausanne à l’enseigne du festival Obsession, organisé par un magasin branché de la place mais qui hélas ne connaîtra qu’une édition, ils ne sont applaudis que par deux petites centaines de spectateurs. En fin de soirée, Prodigy ne fera guère mieux. Blur n’a alors à son actif que deux albums. Et, malgré le succès du single There’s No Other Way en 1991, il n’est qu’un groupe parmi tant d’autres. L’année suivante, le groupe annonce la sortie de son troisième album, l’extraordinaire Parklife, en dévoilant quelques semaines plus tôt Girls & Boys. C’est l’explosion. Avec sa rythmique répétitive héritée du disco, le titre devient instantanément un tube et permet à Blur de passer du statut d’espoir à celui de chef de file d’une nouvelle vague de musiciens jeunes, talentueux, cultivés et bien propres sur eux. L’année 1995 sera moins faste, le groupe devant un temps s’incliner face à la déferlante Oasis.

Sous la pression du guitariste Graham Coxon, plus intéressé par la lo-fi américaine que par la pop British, Blur s’ouvre en 1997 à de nouveaux horizons. Sobrement intitulé Blur, le cinquième album des Anglais sonne comme un nouveau départ, symbolisé par les singles Beetlebum et Song 2. L’un se distingue par sa mélodie mid-tempo, l’autre par son urgence punk. Les Londoniens semblent vouloir faire table rase de leur image de groupe gentillet pour minettes – les vrais mecs, eux, écoutent désormais Oasis –, et cela fonctionne. Blur s’offre une nouvelle crédibilité. Sur d’autres titres de cet album décisif qu’est Blur, Albarn laisse discrètement poindre son amour des musiques noires, américaines et africaines, influences qui deviendront évidentes sur les deux albums suivants, 13 en 1999 et Think Tank quatre ans plus tard.

Du virtuel au concret. Dans le même temps, alors que des tensions notables au sein du groupe aboutiront au départ provisoire du guitariste Coxon, le chanteur s’engage dans de nombreux parallèles. Le plus notable étant le groupe virtuel Gorillaz, dont il devient le cerveau musical tandis que le dessinateur Jamie Hewlett s’occupe des personnages animés derrière lesquels se cachent les musiciens. Albarn connaîtra alors dans les années 2000, tandis que Blur se met en veille à l’issue de la tournée Think Tank, une intense période créatrice qui le verra enregistrer au Mali et au Congo, s’acoquiner avec Tony Allen – batteur de Fela Kuti – et l’ex-Clash Paul Simonon pour l’ambitieux album The Good, the Bad and the Queen, tout en travaillant pour le cinéma, en composant la bande-son d’une comédie musicale ou en codirigeant le label Honest Jon’s. L’an dernier, c’est aux commandes d’un disque du grand Bobby Womack qu’il s’est distingué, quatre ans après avoir produit les Maliens Amadou et Mariam.

Lorsqu’on réécoute, vingt-deux ans après sa sortie, l’album fondateur Leisure, on est d’abord frappé par un son qui n’a pas vieilli. Avant de remarquer qu’un titre comme Sing, avec sa mélodie lancinante et ses arrangements atmosphériques, disait déjà que Blur était bien plus qu’une éphémère sensation pop, une de plus dans un pays qui adore découvrir le nouveau meilleur groupe du monde avant de l’oublier douze mois plus tard. Oui, Blur est un groupe énorme, important, et son retour au Paléo, dix-huit ans après sa première venue, est un événement.


Août 1995, la bataille d’Angleterre s’engage...

Toujours friande de coups médiatiques, la presse spécialisée britannique remarque en plein été 1995 que le 14 août sortent simultanément les nouveaux singles de Blur et d’Oasis. Le sirupeux Country House pour les premiers, le décapant Roll With It pour les seconds. Il n’en faut pas plus pour que le New Musical Express orchestre ce qui deviendra «la bataille de la britpop»: Blur contre Oasis, le public est prié de choisir entre les gentils et très middle class londoniens et les prolos arrogants de Manchester. Ceux-ci devront dans un premier temps s’incliner, Roll With It se classant à la deuxième place des charts, juste derrière Country House. Mais, lorsque sort quelques semaines plus tard l’album (What’s the Story) Morning Glory?, son succès est colossal tandis que les ventes du Great Escape de Blur ne décollent pas. Logique, même avec le recul, vu que la bande à Damon Albarn signait là son disque de loin le plus faible, tandis que les Mancuniens sortaient en guise de second single Wonderwall. Mais dix-huit ans plus tard, au moment où Blur célèbre en grande pompe son grand retour sur les scènes des cinq continents, Oasis a finalement – et définitivement? – implosé. Et, alors que Liam et Noel Gallagher peinent à imposer leurs nouveaux projets, Damon Albarn est devenu l’une des figures les plus respectées de la scène anglaise.

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Linda Brownlee
Steve Double, Keystone
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