Petit film indé américain,«Short Term 12» ne réinvente rien mais bouleverse profondément.
Le cinéma du milieu, pour reprendre une notion mise en évidence par la Française Pascale Ferran, a toujours plus de peine à exister. Les films qui ne sont ni de grosses productions ni de petites œuvres fauchées sont difficiles à financer, à réaliser et à diffuser. Aux Etats-Unis aussi, le cinéma indépendant s’est marginalisé et, même s’il peut compter avec le festival de Sundance sur une belle vitrine, peine à atteindre les écrans. Il y a par exemple fort à parier que, s’il n’avait pas été sélectionné en compétition officielle l’été dernier à Locarno, où il a été récompensé tant par le jury international que par le jury œcuménique et celui des jeunes, Short Term 12 ne serait jamais sorti en Suisse.
Passé et avenir. Grace a 20 ans. Elle travaille dans un centre d’accueil pour ados en difficulté. Au contact de Jayden, c’est son propre passé qu’elle va voir ressurgir, alors qu’elle doit se projeter dans son avenir: est-elle prête à devenir mère? Short Term 12 a beau être labellisé indé, il fonctionne sur les mêmes schémas narratifs qu’éprouve à longueur d’année le cinéma commercial, joue sur le même registre émotionnel, passant sans crier gare du rire aux larmes pour secouer le spectateur. Ce deuxiè- me long métrage du jeune Destin Cretton ne réinvente rien. Il n’en est pas moins lumineux et bouleverse profondément grâce à des personnages finement écrits et à une mise en scène très fluide. On a oublié plusieurs longs métrages découverts à Locarno, pas celui-ci.
De Destin Cretton. Avec Brie Larson, John Gallagher Jr., Kaitlyn Dever et Rami Malek. Etats-Unis, 1 h 36. Sortie le 23 avril.