Avec «Une Japonaise à Paris»,le nihiliste lausanno-germanopratin refait un tour illustré de ses obsessions.
C’est un ouvrage d’une soixantaine de pages, illustré de dessins tendres de Masako Bando, dessinatrice de Tokyo aimant l’air de Paris. Humant ladite atmosphère, elle ne pouvait tomber que sur lui, Roland Jaccard, en son triangle territorial entre Flore, Lutetia et ce café Sip où l’on sert les meilleurs doubles expressos de la ville.
Il en ressort Une Japonaise à Paris, racontant la rencontre de George, dandy aimanté autant par le Japon que par le suicide, et de Keiko, jolie étudiante et graphiste nippone s’apprêtant bientôt à repartir dans son pays. Une passion naît, poétique et évidente, avec ses remises en question, ses vérités bouleversantes et la conscience de ses impasses. Dans un avion, Keiko croise Akiko, qui fut la compagne de Richard B. (lisez Brautigan, évidemment). Ces deux-là, jadis, se séparèrent. Et Richard se suicida.
Sel de la vie. Des allers-retours de George et Keiko ressortent ainsi quelques obsessions fameuses de Jaccard: la mort et l’écriture, le Japon et Paris, l’érotisme et le cinéma, le tout baigné du sourire généreux et séducteur de la dérision.
C’est un petit ouvrage, mais surtout un grand livre, intime et troublant. Parce que Jaccard parle au fond d’abord de lui, comme d’habitude et élégamment, et que ce partage construit une fraternité qui ressemble à la vérité crue. Comme un type qui ferait tourner devant vous le barillet de son Smith & Wesson en vous racontant le sel de la vie.
«Une Japonaise à Paris», de Roland Jaccard, l’Editeur, 61 pages.
Et son blog sur www.hebdo.ch