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La vraie star du salon de l’auto

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Jeudi, 13 Mars, 2014 - 05:53

Pic-pic.Fabriquée à Genève il y a cent ans, une voiture trône en majesté dans l’actuel Salon, provoquant jusqu’à l’admiration du «New York Times». Retour sur une étonnante histoire.

«The mistery car of the Geneva Motor Show», titrait le 5 mars le New York Times. Quelle voiture mystérieuse? Une Toyota à hydrogène? Du tout: une Pic-Pic R2, puissante décapotable fabriquée à Genève en 1920. L’ayant vue filer devant lui à l’extérieur du Salon de l’auto, le journaliste du quotidien new-yorkais racontait dans son article l’histoire étonnante de la marque des Charmilles, qui tirait son nom de ses deux dirigeants, Paul Piccard et Lucien Pictet. Cette Pic-Pic R2 est d’ailleurs toujours propriété de la famille Pictet (la banque privée), comme l’est aussi le modèle MIV qui trône en majesté à l’entrée du Salon, cette fois à l’intérieur de Palexpo. La MIV a été fabriquée il y a exactement cent ans, d’où sa présence à ce grand rendez-vous de Genève. Un garde la surveille et une vidéo de dix minutes revient sur le destin de la marque, l’une des rares 100% helvétiques de l’histoire automobile.

Arrière-grand-oncle de Bertrand Piccard, Paul Piccard est un brillant ingénieur méca-nicien. Il a notamment conçu l’installation hydraulique des chutes du Niagara. Lucien Pictet est lui aussi ingénieur. Tous deux lancent leur production de voitures en 1906, d’abord avec l’aide de la marque Hispano-Suiza, dirigée à Bar-celone par le Genevois Marc Birkigt.

Succès véloce. Puissantes, luxueuses, bientôt propulsées par d’ambitieux mais fragiles moteurs sans soupapes, les Pic-Pic connaissent un succès aussi véloce que leur allure en course (170 km/h en pointe au GP de l’ACF en 1914, un record pour l’époque). Elles valent 20 000 francs pièce, somme considérable au début du XXe siècle.

La Croix-Rouge en achète un exemplaire pour sa première ambulance, l’armée également pour son état-major. C’est à bord d’une Pic-Pic que l’empereur Guillaume II assiste, en 1912, à des manœuvres militaires en Suisse. L’armée française effectue grâce à l’un des modèles de la marque les premiers essais de missiles air-air pendant la guerre 14-18, les techniciens ayant besoin d’une voiture très rapide pour simuler un tir depuis un avion en vol. Pic-Pic a hélas périclité après la guerre, fermant ses portes à l’orée des années 20, après avoir produit près de 3000 automobiles.

L’ancienne usine des Charmilles? Elle vient d’être transformée en lofts aussi luxueux que l’étaient ces voitures il y a un siècle.
84e Salon de l’auto de Genève, jusqu’au 16 mars. www.salon-auto.ch
Aujourd’hui, il ne reste que huit Pic-Pic: deux dans la famille Pictet, trois à la Fondation Gianadda, une au Musée des transports, une à la Cité de l’automobile à Mulhouse, une dernière en Argentine.

L’ancienne usine des Charmilles? Elle vient d’être transformée en lofts aussi luxueux que l’étaient ces voitures il y a un siècle.

84e Salon de l’auto de Genève, jusqu’au 16 mars. www.salon-auto.ch

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Luc Debraine
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