L’opéra de Verdi est monté au Grand Théâtre de Genève.Une aventure lyrique intense de retenue, dans une mise en scène par trop monumentale.
LYRIQUE Rares sont les opéras dans lesquels le chœur tient un rôle aussi important. Nabucco raconte l’histoire d’un peuple pris dans la tourmente de la guerre et des jeux de pouvoir, à la fois victime passive de ce qui advient et force de résistance. La complexité et la beauté des chants offerts par Verdi gardent aujourd’hui comme hier leur force d’attraction.
Sous la direction de John Fiore, le chœur tout comme l’Orchestre de la Suisse romande sont dans une intériorité habitée et jamais pathétique. Les tempos gardent une dynamique et une grâce qui dessinent la musique sans jamais l’alourdir. Même allant intelligemment dramatique du côté des solistes dont la ligne de chant est souvent bien ciblée, même si certaines voix (dans la 1re des deux distributions en tout cas) se révèlent forcées, fatiguées ou imprécises. Comme si l’excès monumental voulu par le metteur en scène Roland Aeschlimann, concepteur de décors dans l’âme et de profession, contraignait les protagonistes à forcer le trait pour être à la hauteur des immenses éléments scéniques qui les entourent. Quelques très habiles tableaux vivants (rappel du mur des Lamentations au 1er acte, célébrissime Va pensiero chanté par des choristes rasés, dépouillés de leur individualité) sont suivis de scènes lorgnant vers la science-fiction.
Ce mélange d’époques, de références et d’évocations – de la plus intensément douloureuse à la plus anecdotique – transforme ce Nabucco en objet lyrique visuellement hétéroclite alors que, musicalement, il est d’une intensité digne, retenue et magnifique.
Genève, Grand Théâtre. Je 6, ve 7, sa 8, lu 10, 19 h 30. www.geneveopera.ch