«Dans mon corps»,livre-testament d’un jeune rockeur et journaliste suédois, a tout de la fable contemporaine.
A sa mort, le 17 septembre 2013, il était une star, un gourou. Lorsqu’en mars 2011, il commence à tenir un blog intitulé «Dans mon corps», Kristian Gidlund vient d’être opéré de l’estomac pour un cancer qui ne lui laisse que peu de chances de survie. Il a 27 ans, est batteur et parolier d’un groupe de rock – Sugarplum Fairy – qui a connu son heure de gloire en 2004 avec Sweet Jackie, il s’est lancé dans le journalisme et rêve d’être reporteur de guerre. Sa guerre, il l’aura. Elle fait de son corps un champ de bataille et l’achève à quatre jours de ses 30 ans. Son blog est rapidement populaire et le livre, qui paraît encore de son vivant en Suède, un best-seller. «Ton livre, Kristian, sera notre “art de la guerre”», écrit la romancière Marie Desplechin en préface de l’édition française de Dans mon corps, qui paraît cette semaine aux Presses de la Cité.
C’est bien cela, au-delà du voyeurisme, l’intérêt de ce récit: quel privilège que d’assister en tant que lecteurs à la confrontation entre un être humain doué d’une parole intelligente et la maladie mortelle, quelle expérience philosophique, littéraire et spirituelle unique Kristian nous fait partager. Il est au front, il se bat et raconte. Comment l’on dit au revoir à ses parents, aux enfants qu’on n’aura pas, comment la douleur fait oublier qu’on est encore en vie. Reporteur dans la guerre de la vie contre la mort.
«Dans mon corps. Voyage jusqu’au bout de ma vie».
De Kristian Gidlund. Presses de la Cité, 360 p.
