Fantastique Jim Jarmusch a tellement compté depuis ses débuts avec Permanent Vacation, en 1980, qu’on ne réalise pas tout de suite que son nouveau film n’est que son dixième long métrage de fiction. Un peu plus de quatre ans après The Limits of Control, un mélange de road movie et de thriller qui péchait par son symbolisme abscons, ce film de vampires intimiste s’avère aussi envoûtant que le western contemplatif Dead Man (1995). Entre la banlieue lugubre de Detroit et la vieille ville tentaculaire de Tanger, l’Américain chorégraphie un somptueux ballet nocturne, conte avec une puissance émotionnelle rare dans son cinéma et non sans humour une histoire d’amour millénaire – ses vampires s’appellent Adam et Eve – où il est question des arts immarcescibles et de la lente déchéance de l’espèce humaine. Simplement sublime.
