L'oeuvre de Philippe Jaccottet entre dans La Pléiade. Après Jean-Jacques Rousseau, Blaise Cendrars et Charles-Ferdinand Ramuz, le poète vaudois est le quatrième auteur suisse à être publié dans cette prestigieuse édition. Une consécration d'autant plus rare qu'elle intervient du vivant de l'écrivain, aujourd'hui âgé de 88 ans.
Le volume qui lui est consacré sera en librairie dès jeudi prochain. L'auteur a lui-même participé au choix du corpus de textes, témoigne José-Flore Tappy, collaboratrice scientifique au Centre de recherche sur les lettres romandes de l'Université de Lausanne (Unil), dans une longue interview publiée samedi dans "Le Temps".
Il a notamment décidé d'écarter une part de l'oeuvre, notamment les essais critiques, des récits de voyage, son oeuvre de traducteur et ses correspondances, explique celle que l'écrivain a désignée pour diriger les travaux. Reste "toute l'oeuvre de création, prose et poèmes, à l'exception du tout premier recueil Trois poèmes aux démons".
Pour élaborer ce recueil, José-Flore Tappy et son équipe ont eu le privilège d'avoir accès aux archives du poète déposées à la Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne. La chercheuse définit Jaccottet comme un écrivain "excentré" qui a une perception aiguë de l'ailleurs et de la différence". L'écrivain, né à Moudon en 1925, a rapidement quitté la Suisse pour Paris puis pour s'établir dans la Drôme, à Grignan.
Les oeuvres de Philippe Jaccottet jouissent depuis longtemps d'une bonne presse en France. Dans son pays d'origine, elles sont entrées depuis deux ans dans le programme de bac, précise Mme Tappy. Outre sa contribution à la poésie, Philippe Jaccottet a également mené un vaste travail de traduction de poètes allemands comme Musil, Hölderlin ou Rilke, ou italien comme Giuseppe Ungaretti.