«Courriers de Berlin», nouvel opus du Bernois de Berlin,est fait des mails envoyés entre 2002 à 2009 à son ami Niels Höpfner. Vif, génialement banal.
Roman épistolaire. Passé le mouvement d’humeur initial – qu’est-ce donc que ces écrivains qui recyclent leurs mails au lieu d’écrire un livre? –, se plonger dans les 900 pages de Courriers de Berlin est un délice dont on sort tout ravigoté. Matthias Zschokke et Niels Höpfner se connaissent depuis 1982, année de la parution du premier roman de Zschokke, Max, qui tape dans l’œil du journaliste, auteur et publicitaire allemand de onze ans son aîné. Rapidement, ils commencent une correspondance soutenue. Aux lettres, cartes postales, fax par milliers succèdent dès 2002 les courriers électroniques.
Plusieurs fois par semaine, ils papotent, échangent nouvelles, états d’âme et autres conseils professionnels. Fin 2009, Niels convainc Matthias de partager ces écrits avec ses lecteurs. Après un travail de tri et de lissage, il reste 1500 messages qui forment un tout à la fois hétéroclite et cohérent. Journal de bord d’une belle amitié, c’est aussi un document fascinant, et sans complaisance, sur la petite fabrique d’un artiste occidental contemporain.
Zschokke voyage de Budapest à Paris, passe d’une résidence d’artiste à une autre, lit, va à l’opéra, se bat avec sa connexion internet, compare les restaurants italiens, surveille les mises en scène de ses pièces, joue les parfaits représentants de la littérature helvétique dans des ambassades exotiques, choisit ses gilets de costume, épluche les articles de presse sur lui, se moque de ses collègues Stamm ou Sulzer, cherche de l’argent pour monter ses films. Toujours élégant, drôle et attachant, souvent ironique, parfois geignard et jaloux. En 2010, son ami Niels est aussi devenu son biographe avec la publication de Zschokke - Ein sanfter Rebell, «Zschokke - Un doux rebelle». On ne saurait mieux dire.
«Courriers de Berlin». De Matthias Zschokke. Zoé, 860 p. Rencontre avec l’auteur mercredi 15, 18 h, librairie du Boulevard, Genève.
