Un responsable politique allemand a lancé samedi l'idée d'exposer une partie des oeuvres du "trésor nazi" découvert à Munich. Celui-ci comprend des chefs-d'oeuvre de Chagall, Munch ou Matisse, dont certains proviendraient de la spoliation de juifs sous le Troisième Reich.
Le ministre de la Justice de Bavière, Winfried Bausback, a estimé dans le journal "Die Welt am Sonntag" qu'un "accord à l'amiable" pourrait être trouvé avec Cornelius Gurlitt. Plus de 1400 oeuvres d'art ont été découvertes chez cet octogénaire, fils d'un collectionneur d'art.
"On pourrait par exemple, et ce au moins pour une partie des oeuvres, réfléchir à quelque chose comme une fondation qui permettrait que les oeuvres d'art qui sont manifestement d'un très grand intérêt historico-artistique puissent être rendues accessibles au public", a-t-il expliqué dans le journal à paraître dimanche et dont des extraits ont été diffusés samedi.
L'Allemagne a publié jeudi sur Internet des photos de nouvelles oeuvres faisant partie du "trésor nazi", des gravures et des dessins signés Munch, Liebermann et Toulouse-Lautrec. Le but est de retrouver d'éventuels ayants droit.
Sur un total de 1406 oeuvres retrouvées (peintures, esquisses, dessins, etc.) dans l'appartement de M. Gurlitt, 970 doivent être examinées par des experts et 380 sont considérées comme appartenant à "l'art dégénéré", concept désignant dans le jargon nazi tout ce qui ne rentrait pas dans la définition restrictive de l'art du Troisième Reich.
Le président du Congrès juif mondial Ronald Lauder a insisté sur la responsabilité morale de l'Allemagne pour que les particuliers ou les musées victimes des pillages nazis récupèrent leur bien.
Cornelius Gurlitt s'est dit décidé à se battre pour garder "ses" toiles. "Volontairement, je ne rendrai rien, non, non", a-t-il déclaré cette semaine au magazine "Der Spiegel". Il fait l'objet d'une enquête judiciaire pour fraude fiscale et recel.