Le romancier d'origine russe Andreï Makine a été élu jeudi à l'Académie française. Cette désignation constitue une consécration pour cet écrivain longtemps boudé par les éditeurs et qui dut batailler pour obtenir la nationalité française.
L'écrivain de 58 ans succède à la romancière algérienne Assia Djebar, décédée en février 2015. Huit candidats étaient en lice dont un lycéen de 15 ans, Valentin Ogier, qui n'a obtenu aucune voix. Il n'existe pas d'âge minimum pour se présenter à l'Académie qui n'accepte pas en revanche les candidats âgés de plus de 75 ans.
Auteur de seize livres sous son nom et de quatre sous le pseudonyme de Gabriel Osmonde, Andreï Makine a réussi l'exploit, en 1995, d'être couronné par les prestigieux prix Goncourt, Goncourt des lycéens et Médicis pour son roman "Le testament français".
"C'est tout naturellement que j'écris en français, et ce depuis mon arrivée en France" en 1987, se souvenait Andreï Makine dans un rare entretien publié par Le Figaro au début des années 2000.
Andreï Makhine est né en 1957 à Krasnoïarsk, en Sibérie. Lorsqu'il débarque à Paris, il n'a rien d'autre qu'une vision mythique de la France, transmise, en même temps que la langue, par sa grand-mère d'origine française. La réalité qu'il découvre ne correspond pas au mythe. Mais cela ne le décourage pas, au contraire.
Il vivote, écrit, envoie ses manuscrits. Les refus des éditeurs s'enchaînent. Pour faire éditer ses deux premiers romans, "La fille d'un héros de l'Union soviétique" (1990) et "Confession d'un porte-drapeau déchu" (1992), il fait croire qu'ils ont été traduits du russe en inventant un traducteur imaginaire.
Sa première demande de nationalité française en 1991 est également refusée. "C'était humiliant pour moi, qui suis imprégné de culture française. Mais je ne veux pas me plaindre. Je n'avais pas de domicile ni de travail fixes. Ils avaient sans doute raison", analysera-t-il plus tard. C'est son quatrième roman, "Le testament français" qui lui ouvre les portes de la notoriété.
Son dernier roman, "Le pays du lieutenant Schreiber" (2014) retrace l'histoire de Jean-Claude Servan-Schreiber, officier français et résistant au nazisme tombé dans un quasi-oubli.
Elu à l'Académie française, Andreï Makine devra être reçu par le président François Hollande, "protecteur de l'Académie", pour être considéré comme faisant vraiment partie de la Compagnie. Il devra ensuite patienter pendant au moins un an avant de revêtir l'habit vert et d'être officiellement reçu sous la Coupole.