La crise migratoire et le djihadisme occuperont la scène au Festival du film international sur les droits humains (FIFDH) du 4 au 13 mars à Genève et dans près de 20 communes. Un hommage sera rendu à la photographe Leila Alaoui, tuée dans les attentats de Ouagadougou.
La Franco-Marocaine a réalisé l'affiche de ce 14e FIFDH. Elle est décédée en janvier dans le même attentat qui a tué deux Valaisans, alors qu'elle travaillait sur un projet lié aux migrants. Ce FIFDH lui est dédié, a souligné mardi devant la presse la directrice générale du Festival Isabelle Gattiker.
Et de déplorer une "situation terrible" après le décès d'une "femme formidable", affirmant malgré tout une volonté de "résistance". Leila Alaoui devait ouvrir une résidence d'artiste à Meyrin (GE). Sa famille sera présente et son travail sur la Syrie sera montré.
Au sein du programme aussi, les migrants figureront en bonne place parmi les films et les débats qui y sont associés. Le secrétaire d'Etat aux migrations Mario Gattiker est notamment attendu et le conseiller d'Etat Antonio Hodgers, enfant de réfugié politique, doit s'entretenir avec des jeunes. Des films seront aussi projetés dans des foyers de migrants.
Autre thème largement présent, le djihadisme et la lutte contre le terrorisme. En film de clôture, "Made in France", dont la sortie en salles a été annulée quelques jours après les attentats de Paris, plonge dans une cellule djihadiste de quatre personnes.
D'autres films évoquent les violences de l'Etat islamique (EI) contre les femmes yazidies en Irak. Et un débat doit se pencher sur les liens entre lutte contre le terrorisme et protection des libertés des individus.
Parmi les autres thématiques figurent notamment le changement climatique et les libertés en Russie ou en Arabie saoudite. La fille de l'opposant russe assassiné Boris Nemtsov et l'acteur Gael Garcia Bernal sont deux des quelque 200 personnalités conviées.
Invités, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et le Haut Commissaire aux droits de l'homme Zeid Raad Al Hussein ont décliné une participation à une discussion sur les violences des soldats étrangers, selon les organisateurs. Elle est organisée après les récentes révélations d'abus sexuels en République centrafricaine.
M. Zeid assistera en revanche à l'ouverture du FIFDH durant laquelle sera projeté le documentaire "Sonita", en présence de cette réfugiée afghane en Iran qui veut chanter et se battre contre les mariages forcés.
Dix-neuf films figurent parmi la sélection, dont 18 en compétition. Le jury documentaire sera présidé par la cantatrice Barbara Hendricks et celui de la fiction sera emmené par le cinéaste marocain Nabil Ayouch.
Au total, 46 films sont prévus. Parmi la dizaine de productions suisses, "Fenêtres sur les couloirs de la mort" du dessinateur Patrick Chappatte et d'Anne-Frédérique Widmann sera montré pour la première fois. Ce projet rassemble des dessins de condamnés à mort aux Etats-Unis. Une exposition est prévue et l'un de ces prisonniers, Ndume Olatushani, libéré après 28 ans en détention, participera à un débat.
Un débat sera retransmis par radio en République démocratique du Congo (RDC), avec la participation de Denis Mukwege, le médecin qui "répare" les femmes ayant subi des viols. Le docteur doit ensuite intervenir devant le Conseil des droits de l'homme, une première pour le FIFDH.
Côté organisation, le festival poursuit son extension au-delà de Genève, avec 37 sites et 18 communes du Grand Genève. Pour la première fois, le canton de Vaud est associé.
Dans les prochaines années, le FIFDH devra faire sans son fondateur Léo Kaneman qui se retire mais reste président d'honneur. La manifestation souhaite encore s'étendre, avec le projet de débats interactifs dans le monde entier, a aussi souligné Mme Gattiker.