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Folklore: dis-moi comment tu t’habillais…

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Jeudi, 14 Novembre, 2013 - 05:58

A Bulle et à Fribourg, le Musée gruérien et le Musée d’art et d’histoire consacrent une double exposition au vêtement. Entre ethnographie et histoire de l’art.

L’exposition Dress Code est deux fois double. Elle l’est d’abord parce qu’elle réunit deux institutions phares du canton de Fribourg. Au nord, le Musée d’art et d’histoire (MAHF), au sud, le Musée gruérien. Elle l’est ensuite parce qu’elle pose, à travers ces deux accrochages complémentaires et jamais redondants, une double interrogation: que portait-on autrefois, et quelles œuvres des collections peuvent nous renseigner à ce sujet? Deux questions simples dans leur formulation, mais complexes dès qu’on tente d’y répondre. Car si «on sait plus ou moins comment priaient nos ancêtres, comment ils gagnaient leur pain, comment ils étaient gouvernés, un peu ce qu’ils buvaient, très peu ce qu’ils mangeaient», disent Isabelle Raboud-Schüle et Verena Villiger, respectivement directrice du Musée gruérien et du MAHF, on ne connaît quasiment rien de leurs habitudes vestimentaires. Alors que le vêtement est pour Jean Steinauer – qui a dirigé l’ouvrage Dress Code publié en parallèle – un objet d’histoire totale, qui parle de religion et de politique tout en étant une clé permettant de comprendre les grands changements sociaux, il n’a jamais été étudié. D’où l’importance de cette démarche muséale, première pierre d’un édifice encore à bâtir.

Bredzons et dzaquillons. A Fribourg, le MAHF montre quelques pièces somptueuses, comme un justaucorps de la fin du XVIIIe siècle, ainsi que de nombreuses sources secondaires (tableaux, documents écrits, etc.), portant essentiellement sur le Moyen Age et l’Ancien Régime. Le Musée gruérien possède quant à lui de nombreux vêtements, issus pour la plupart de dons privés, datant de la fin du XIXe siècle et du début du XXe.

Une centaine de fichus accueillent le visiteur et montrent que si les groupes folkloriques ont aujourd’hui adopté des pièces à carreaux dont les mauvaises langues disent qu’elles ressemblent à des linges de cuisine, la diversité était autrefois totale – motifs cachemire, perles, broderies, toutes les audaces étaient permises. Idem avec les gilets d’hommes, ancêtres des fameux bredzons, et les robes de travail pour femmes, les dzaquillons.

Le volet bullois de Dress Code explique comment les costumes folkloriques sont en grande partie des constructions, des fictions ne reposant pas sur des traditions. L’uniformité actuelle vient des sociétés qui, dans les années 1970, ont édicté des règlements stricts, alors que les Gruérien(ne)s étaient au début du XXe siècle influencés comme tout le monde par les grandes modes européennes.

Jusqu’à l’avènement des textiles industriels, les vêtements se portaient jusqu’à l’usure. Une robe de mariée accompagnait une femme jusqu’à sa mort. Ce qui explique en partie le peu de pièces qui nous sont parvenues. De la prospère industrie des draps de laine qui fit au Moyen Age la renommée de la ville de Fribourg, plus aucune trace physique. Ce qui rend le travail des historiens d’autant plus difficile. Et l’exposition Dress Code absolument essentielle.


Fribourg, Musée d’art et d’histoire, et Bulle, Musée gruérien. Jusqu’au 2 mars 2014. A lire: «Dress Code – Le vêtement dans les collections fribourgeoises». Dir. Jean Steinauer. Ed. Hier +Jetzt, 152 p.

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Robert Wirz / Musée Gruerien
Musée Gruerien | Musée d’art et d’histoire Fribourg
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