Encore l’une de ces expositions impressionnistes, de celles qui remplissent si facilement les musées, hier comme aujourd’hui, demain comme après-demain, ce choix étant l’équivalent de l’assurance tous risques? Oui, encore! Le mot étant ici à prendre au sens du réflexe d’un appétit qui en veut toujours davantage. Découvrir 140 peintures, aquarelles et dessins du néo-impressionniste Paul Signac en plein février atrabilaire agit comme un remontant: on se sent mieux en sortant de l’exposition qu’en y entrant.
Si elle ne propose pas les chefs-d’œuvre de l’artiste français, comme Au temps d’harmonie, la rétrospective de la Fondation de l’Hermitage est complète, des premiers travaux sous influence Monet à la série d’aquarelles sur les ports français. C’est un ensemble cohérent, issu d’une collection privée, à l’occasion enrichie d’œuvres d’amis pointillistes de Signac, ou d’une docte explication de cette peinture optique. Au substrat scientifique, mais à l’envolée belle sur les rivages de la mer, le thème rassembleur de l’exposition. La liberté de la ligne et de la palette de Signac, qui n’a jamais eu peur de l’effet, même appuyé, ravit toujours l’œil. Dommage, peut-être, que sa division du monde en points de couleurs n’ait pas été mise en résonance avec nos pixels électroniques, qui n’agissent pas autrement.
«Signac, une vie au fil de l’eau». Lausanne, Fondation de l’Hermitage. Jusqu’au 22 mai.