Interdit en règle générale, le toucher d'oeuvres d'art fait l'objet d'une exposition au Musée Tinguely, à Bâle. Des moulages de sculptures aux oeuvres surréalistes en passant par des vidéos évocatrices, les visiteurs sont invités à expérimenter leur sens tactile.
"Prière de toucher - Le tactile dans l'art" s'ouvre vendredi. Elle s'inscrit dans une série d'expositions thématiques consacrées par le Musée Tinguely aux cinq sens humains et leur représentation dans l'art contemporain. Après l'odeur en 2015, l'institution poursuit son exploration en se penchant cette fois sur la perception tactile, rompant ainsi avec la pratique muséale habituelle.
Depuis le milieu du 20e siècle, la création recourt délibérément au toucher, écrit le musée. Parmi les dix oeuvres de Marcel Duchamp présentées jusqu'au 16 mai, "Prière de toucher" (1947) a donné son titre à l'exposition. Il s'agit d'une couverture de catalogue d'une exposition surréaliste: une forme en mousse latex reproduisant le sein d'une femme. D'autres motifs érotiques seront réalisés par l'artiste.
Un parcours tactile à suivre les yeux bandés avec un audio-guide fait également partie de la visite. Il permet de découvrir les moulages en plâtre de sculptures antiques de quatre siècles différents et de mieux appréhender leur matérialité.
Une sculpture minimaliste ("Warmte") de Jan van Munster figure elle aussi parmi les moments forts de l'exposition. Elle est associée à un rayon de chaleur réellement perceptible par les sens.
Jean Tinguely est également représenté dans l'exposition. Un hommage est rendu à l'oeuvre qu'il avait réalisée pour l'exposition "Dylaby" (dynamique labyrinthe) en 1962 à Amsterdam: une salle remplie de ballons. Le contact physique y est inévitable.
Les visiteurs peuvent aussi redécouvrir la vidéo "Pickelporno" de Pipilotti Rist. La vidéaste st-galloise y créé une mosaïque grisante, en mêlant des images de corps en gros plan sur fond de paysages mouvant pour célébrer le plaisir tactile.
La sensualité et la sexualité induites par le toucher sont également évoquées à Zurich dans une exposition consacrée aux objets quotidiens issus de la production et du design industriels. Visible et palpable jusqu'au 20 mars au Museum für Gestaltung (musée des arts appliqués), "Bitte berühren!" ("Prière de toucher!") invite à redécouvrir la sensation de la matérialité dans une société visuelle et digitalisée.