C’est un formidable cauchemar de vingt-cinq minutes. Les publics lausannois et genevois avaient découvert la courte pièce chorégraphique Vacuum l’an passé. La voici en tournée, l’année même où la Compagnie Philippe Saire fête ses 30 ans.
Dans un rectangle noir, des corps apparaissent et disparaissent par fragments, semblent à la fois irréels et terriblement concrets. Sur cette scène, qui tient autant de l’écran de cinéma que du tableau, deux danseurs se suspendent, on ne sait comment, à des poignées de métal et paraissent voler. Le premier, Philippe Chosson, a la tête d’un Christ de Zurbarán. Le second, Pep Garrigues, la physionomie empreinte du romantisme noir et échevelé d’un héros de Füssli.
Rien ici de platement narratif, ni d’illustratif. Mais quelque chose se raconte de la présence au monde et du saisissement des images. Un simple dos devient, par le jeu des muscles et l’éclairage, une présence fantasmagorique. Les références sont multiples, mais pas étouffantes. Chacun verra les siennes, issues de ses propres rêves. Philippe Saire touche ici au grand art, dont le propre est d’allier une grande sophistication à une forme d’évidence.
Son dispositif scénique a quelque chose de forain, on pense aux magiciens de foires qui font léviter les corps. Rien de magique, et pourtant la magie opère. Deux néons suffisent à créer l’illusion, la grâce et la technique des danseurs font le reste. Cette boîte à images, fruit d’une coproduction entre le Théâtre National de Chaillot à Paris et La Bâtie-Festival de Genève, bénéficie aussi de la musique envoûtante de Henry Purcell et de celle de Stéphane Vecchione, membre de Velma.
«Vacuum», présenté conjointement avec le spectacle «NEONS», le 30 janvier à 19 h 30, au Théâtre Les Halles, à Sierre. Puis du 9 au 17 mars à Paris, au Théâtre National de Chaillot. Puis à Losone, au Tessin, le 2 avril, et à Steckborn, en Thurgovie, les 21 et 22 avril.