Le quotidien français Libération et l'ONG Reporters sans frontières ont affirmé jeudi avoir renoncé à une vente caritative prévue le 27 janvier de Unes du journal revisitées par des artistes. Ils ont refusé le retrait d'une des oeuvres demandé par l'ambassade d'Israël
La Une incriminée est celle d'un numéro de Libération datant de 2004 qui annonçait l'enterrement de Yasser Arafat, le dirigeant palestinien, symbolisé par un keffieh avec le titre "Et maintenant?". L'artiste Ernest Pignon-Ernest y a ajouté le visage du dirigeant palestinien incarcéré Marwan Barghouti avec pour commentaire: "En 1980, quand j'ai dessiné Mandela, on m'a dit qu'il était terroriste".
Marwan Barghouti, en prison depuis 2002 pour l'organisation d'attaques anti-israéliennes durant la seconde intifada de 2000, est devenu pour les Palestiniens l'un des symboles de la résistance à l'occupation israélienne.
Reprochant à l'artiste cette comparaison avec Mandela, l'ambassade d'Israël a demandé à la maison Artcurial, qui organisait la vente, de retirer cette oeuvre.
"Ce portrait met aux enchères un projet terroriste, là où l'on cherche à faire croire qu'il s'agirait d'un homme de paix", écrit l'ambassade dans un courrier consulté par l'AFP.
Artcurial a accepté la demande de retrait de Une et l'a transmise à Libération et RSF, qui ont refusé, préférant reporter la vente et trouver un autre organisateur.
"Dans le contexte des récents attentats et de la prorogation de l'état d'urgence", le maintien dans la vente de cette oeuvre constituerait une "source potentielle de trouble à l'ordre public", a déclaré Francois Tajan, président délégué d'Artcurial.
"Dans ces conditions, cette oeuvre ne sera pas présentée à la vente", indique Artcurial, précisant que ce retrait ne portait "aucun jugement sur l'oeuvre elle-même".
Pour RSF comme pour Libération, la vente, qui était prévue le 27 janvier, est "annulée". "Une solution alternative est à l'étude", a indiqué RSF, dans un communiqué.
"Nous mobilisons nos réseaux pour trouver une autre maison de vente qui acceptera de prendre l'intégralité des artistes, condition de la tenue de cette vente", a poursuivi RSF.
"Je suis étonné qu'une ambassade étrangère puisse décider de ce que l'on expose ou pas. Et qu'une maison de vente cède aux pressions", a déclaré pour sa part Ernest Pignon-Ernest à Libération.
L'ambassade d'Israël n'était pas joignable jeudi soir pour commenter ce report.