Il y a 50 ans, le 11 janvier 1966, Alberto Giacometti rendait son dernier souffle en succombant à un cancer à 64 ans. Réputé de son vivant, l'artiste grison est aujourd'hui le sculpteur contemporain le plus célèbre au monde. Ses oeuvres filiformes valent des millions.
En mai dernier, "L'homme au doigt" - un bronze longiligne d'1m77 - a été vendu aux enchères pour 141 millions de dollars (132 millions de francs), un record pour une sculpture. Jusqu'alors, cette marque était également détenue par un Giacometti, à savoir "L'homme qui marchait". La présence du sculpteur sur les billets de 100 francs en devient presque anecdotique au vu de son rayonnement international.
En 1955, une première rétrospective avait retracé la carrière de l'artiste, également dessinateur et peintre. Elle s'était déroulée au Kunstmuseum de Berne. En 1962, Alberto Giacometti recevait le grand prix de la Biennale de Venise. La même année, il faisait à nouveau l'objet d'une rétrospective au Kunsthaus de Zurich. Trois ans plus tard, il était exposé à Londres et au MOMA de New York.
Dès sa tendre enfance, le petit Alberto dessine, peint et modèle sous la direction de son père à Stampa (GR). Très vite, il trouve un style propre.
En 1922, il déménage à Paris qui deviendra pour Giacometti une seconde patrie même s'il n'oubliera jamais les montagnes de son Val Bregaglia natal. Le peintre passe régulièrement les mois d'été à Stampa auprès de sa mère Annetta qui lui a inspiré son fameux tableau "La Mamma a Stampa".
Dans la capitale française, Alberto Giacometti perfectionne sa formation de sculpteur auprès du célèbre Antoine Bourdelle, élève d'Auguste Rodin. Il fréquente l'Académie de la Grande Chaumière et l'atelier du maître. Avec son frère Diego, il travaille dès 1924 dans son propre atelier.
"Je peins et sculpte pour saisir la réalité en plein" avait l'habitude de dire l'artiste. En 1927 il crée ses "figures plates" pratiquement exemptes de troisième dimension.
Les sculptures miniatures de Giacometti datent, elles, de la période de la Seconde guerre mondiale, lorsque le Grison a fui Paris pour séjourner à Genève, où il a rencontré son épouse Annette, avant de "rentrer"à Paris.
C'est toutefois dans son atelier parisien de la Rue Hippolyte-Maindron qu'Alberto Giacometti passe l'essentiel de sa vie artistique. Il y habite et y travaille intensément.
Dans le quartier Montparnasse, l'italophone connaît aussi les excès de la vie nocturne dans les bars et les clubs. Il y rencontre Caroline, une prostituée qui deviendra sa maîtresse jusqu'à sa mort. Il assure le train de vie de la jeune femme et la peint régulièrement dès 1961, tout comme Annette.
En 1963, l'artiste subit une ablation partielle de l'estomac après avoir appris qu'il souffre d'un cancer. Le diagnostic ne lui gâche pourtant pas le goût de la cigarette: il continue à en fumer quatre paquets par jour.
A sa mort à l'hôpital de Coire, tant son épouse que sa maîtresse sont présentes à son chevet. Des personnalités venues de l'Europe entière assistent à ses funérailles à Stampa. Alberto Giacometti est enterré au cimetière de Borgonovo (GR), le village qui l'a vu naître.