C’est la forme la plus raffinée de la communication d’entreprise: l’exposition dans un musée d’art prestigieux. Louis Vuitton propose son propre regard sur sa propre histoire au Grand Palais de Paris. Rien à dire sur l’exposition en elle-même, élégante, aérée, bien scénographiée. Pour peu bien sûr que l’on s’intéresse à l’univers du voyage en première classe, avec ses malles monogrammées et ses accessoires luxueux. Quelques œuvres d’art conversent avec la bagagerie, comme le sublime Chêne de Flagey de Courbet, signe adressé à l’origine jurassienne du fondateur Louis Vuitton et à la dextérité de celui-ci dans le travail du bois. Au détour d’une salle, le visiteur découvre une malle ancienne destinée à transporter des tableaux de grand format. C’est ici que surgit, comme un diable de sa boîte, le sens caché de la belle entreprise. Il va au-delà de l’exercice de communication.
Louis Vuitton (groupe LVMH) est aujourd’hui l’un des mécènes sans lesquels les grandes expositions ne pourraient voir le jour. Une malle est comme un sponsor: un contenant qui permet de protéger, de valoriser, de faire circuler un contenu. Sans ce genre de coffre bien rempli, pas de rétrospectives fastueuses, pas de présentations grandioses des géants de la création. Voici donc la parfaite exposition-métaphore des messes profanes organisées aujourd’hui par les grands musées. Heureusement, son entrée est gratuite. Mais le catalogue de l’expo vaut 95 euros, et sa version luxe 130 euros, le naturel revenant toujours au galop.