Un an après l’attaque meurtrière contre la rédaction de Charlie Hebdo, voici un film documentaire réalisé par Daniel et Emmanuel Leconte. Rappel des faits, antécédent du procès de 2007 après l’affaire des caricatures de Mahomet, témoignages de rescapés, la manifestation inouïe du 11 janvier, confection du fameux numéro après la tuerie: le documentaire est de facture classique – sérieux, statique, chronologique –, un rien pontifiant.
Son relief tient dans les paroles fortes d’Elisabeth Badinter, toujours lumineuse d’intelligence, et d’Eric Portheault, directeur financier de l’hebdomadaire, qui a réchappé par miracle au massacre et livre une chronologie glaçante de l’attentat terroriste. Et quelle émotion de revoir Cabu analyser la réalisation de son dessin de Mahomet («C’est dur d’être aimé par des cons»), sans rien lâcher, sans rien regretter.
Le documentaire cesse toutefois de l’être lorsque la voix off demande sur un ton hargneux aux musulmans de prendre position après le massacre ou vitupère une chronique de Delfeil de Ton parue dans Le Nouvel Obs. Ces ruptures de ton inopportunes affaiblissent la réalisation. Dommage!
«Je suis Charlie». De Daniel et Emmanuel Leconte. France, 1 h 30
