Le romantisme prend possession de la fondation Arnaud à Lens (VS) pour une exposition hivernale autour de la pierre. Naturelle ou travaillée, elle a fasciné les artistes des dernières décennies du 18e siècle.
Gustave Doré, Théodore Géricault, Francisco Goya ou encore Victor Hugo illustrent ce courant artistique européen. Confrontés à cette nouvelle vague, les artistes suisses contribuent aussi à son essor: Caspar Wolf, François Diday, Alexandre Calame ainsi que Johann Heinrich Füssli.
Avec son exposition "Mélancolie des pierres", ouverte jusqu'au 17 avril, la fondation Arnaud montre à quel point les artistes suisses ont partagé les mêmes préoccupations que leurs homologues européens. Les deux précédentes expositions ont aussi suivi cette confrontation de la peinture suisse et européenne.
Le romantisme prend place après le divisionnisme et le réalisme. Et déjà la fondation annonce les prochains thèmes que seront l'expressionnisme et le symbolisme. Avec, toujours, la même démarche qui met face à face l'art européen et suisse.
"Mélancolie des pierres" se joue en deux actes. Le premier met en scène la pierre sublime. Les Alpes, découvertes par les voyageurs qui prennent le temps de s'y arrêter plutôt que de simplement les traverser pour aller du nord au sud.
Comme les paysages alpins, à la fois hostiles et attirants, les constructions, châteaux forts, cathédrales, deviennent les parfaits décors des drames romantiques. Sous sa forme naturelle ou travaillée, la pierre devient l'environnement obligé du héros romantique.
Le second acte, un étage plus bas dans l'espace d'exposition, est à voir comme une lente chute vers le néant. Les montagnes se fissurent, les constructions s'écroulent. Orages, tempêtes, avalanches, éruptions illustrent la disparition de toute chose. Les peintres montrent des êtres humains pensifs, comme accablés par un inéluctable destin. Une mélancolie dans laquelle se complaît le héros romantique.