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Snoopy prend son envol en 3D

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Jeudi, 17 Décembre, 2015 - 05:56

Animation. Avec «Snoopy et les Peanuts – Le film», Steve Martino donne un coup de polish à l’œuvre de Charles Schulz tout en lui restant fidèle. Rencontre.

Christophe Pinol

Voilà trente-cinq ans que le petit beagle blanc aux longues oreilles n’avait pas montré son museau dans un long métrage; trente-cinq ans durant lesquels les ayants droit de Charles M. Schulz, son fils Craig et sa veuve Jean, refusaient les offres des différents studios pour porter à l’écran de nouvelles aventures de Snoopy et sa bande. Charlie Brown en tête, mais aussi Lucy, Sally, Linus et le petit oiseau Woodstock…

Le 23 décembre, avec Snoopy et les Peanuts – Le film, c’est pourtant un vrai long métrage, en images de synthèse et en 3D de surcroît, auquel on a droit. Et ce n’est pas un hasard si on trouve le dénommé Steve Martino à la barre de cette première aventure de Snoopy au cinéma après quatre films destinés, dans les années 70, au marché vidéo. Coréalisateur de L’âge de glace: la dérive des continents, il avait surtout codirigé le film d’animation Horton, adapté de l’œuvre du Dr Seuss. Le film avait connu un gros succès aux Etats-Unis, tout en étant salué pour sa fidélité à l’esprit du livre. C’est précisément ce qui a séduit Craig et Brian Schulz, le fils et le petit-fils du papa de Snoopy, qui cherchaient alors à porter à l’écran le scénario sur lequel ils planchaient.

«Ne bousille pas tout!» nous lâche d’emblée Steve Martino, rencontré en juin dernier au Festival du film d’animation d’Annecy. «Cette phrase, enchaîne-t-il, je me la suis répétée sans cesse tout au long de la conception du film. Elle m’obsédait.» Bonne nouvelle, Steve Martino et son équipe n’ont en rien «bousillé» quoi que ce soit. Le film est même une jolie réussite, fidèle à l’alchimie de ces quatre vignettes quotidiennes que Charles Schulz s’est évertué à crayonner pendant cinquante ans – soit 17 897 strips – sans interruption et sans jamais laisser personne s’en charger à sa place.

L’histoire est d’une simplicité enfantine – Charlie Brown tente d’avouer son béguin à sa nouvelle voisine – mais elle colle bien à l’esprit de la bande dessinée. On y retrouve le côté drôle et touchant de celle-ci, ses aventures poético-existentielles, douces-amères… Il y manque peut-être l’humour noir qui la caractérisait parfois aussi, mais ce Charlie Brown en images de synthèse et en volume est bien celui que l’on connaît: gauche, timide, maladroit avec les filles, ne reflétant finalement que les angoisses de tout un chacun face à la peur de l’échec. Soit un film qui, à l’instar des vignettes quotidiennes, parlera aussi aux adultes.

Snoopy, un vrai Picasso!

Steve Martino et les Schulz ont donc travaillé main dans la main, non seulement pour garder le ton de l’œuvre originelle, mais surtout la ligne et l’épure des dessins. En ce sens, Snoopy et les Peanuts – Le film tranche radicalement avec les films d’animation habituels, refusant l’esbroufe visuelle pour privilégier la simplicité du trait, reproduisant même par moments les hésitations du dessinateur et ses coups de crayon parfois maladroits. «On a pourtant eu des moments de doute lors des premières esquisses des personnages, continue Martino. Il y avait des jours où rien n’allait. Je me sentais alors incroyablement proche de Charlie Brown, comme après ses matchs de baseball, quand il rentrait à la maison la tête basse, après un nouvel échec.»

Mais la véritable difficulté a été d’animer les personnages en 3D. En se penchant sur les dessins de Schulz, l’équipe a constaté de subtiles variations lorsqu’ils étaient de face ou de profil. Les oreilles de Charlie Brown, par exemple, étaient positionnées de manière différente d’une case à l’autre. Il a alors fallu constituer plusieurs facettes d’un personnage, chacune respectant ses différentes vues et un programme spécial chargé de les unifier. «Snoopy est à ce titre un vrai Picasso. De profil, il regarde dans un sens, un œil visible, la truffe à l’extrémité du visage. De face, Schulz garde la même silhouette du visage, comme s’il était toujours de profil, mais le nez passe au milieu et il se retrouve avec deux yeux. Un cauchemar à animer!»

Scènes spectaculaires

Il restait toutefois un aspect du film à soigner tout particulièrement: les fameuses séquences où Snoopy, assis sur le toit de sa niche, se prend pour un aviateur de la Première Guerre mondiale et s’imagine affronter le célèbre Baron Rouge au cours de formidables duels aériens. «Craig est pilote et possède justement un biplan ressemblant à celui du Baron Rouge. La recherche étant un élément primordial de mon travail, il m’a emmené faire des tonneaux, des piqués, des décrochages… Là, vous entendez le moteur vrombir de manière assourdissante à mesure que l’avion grimpe. Puis les moteurs se coupent, et c’est le silence absolu alors que vous tombez… Jamais, je n’aurais pu comprendre les sensations que cela procure sans en faire l’expérience.»

Au final, Steve Martino aura réussi à faire mentir Snoopy. «Hier, j’étais un chien, se lamentait celui-ci dans une des plus formidables tirades du strip. Aujourd’hui, je suis un chien. Demain, je serai probablement toujours un chien. Bon sang! Il est vraiment difficile d’obtenir de l’avancement!» En 2015, Snoopy est toujours un chien, mais un chien qui a sacrément réussi son passage sur le grand écran, et en 3D. Et ça, comme avancement, c’est plutôt pas mal.

«Snoopy et les Peanuts – Le film». De Steve Martino. Etats-Unis, 1 h 28. Sortie le 23 décembre.

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