Milo Keller et Michel Bonvin sont «fils d’architecte» et photographes d’architecture. Le Forum d’architectures, à Lausanne, interroge leur pratique.
PHOTOGRAPHIE Milo Keller et Michel Bonvin sont fils d’architecte. Les vacances familiales sur les traces d’Alvar Aalto ou de Le Corbusier ont été leur lot commun. L’héritage n’était pas forcément facile à endosser. Milo rêva de devenir marin, tandis que Michel gérait un magasin de sport. Puis l’un et l’autre, après des études à l’ECAL, sont devenus photographes, photographes d’architecture. Avec la complicité exigeante de Matthieu Jaccard dans le rôle du commissaire, ils nous font partager leur réflexion sur une pratique qui est «au service de» – quitte à magnifier certains bâtiments ou à gommer leurs défauts – mais pas seulement. L’occasion aussi d’interroger l’assertion de Le Corbusier s’adressant aux photographes: «Vous oubliez que c’est moi qui crée les maisons, qui les bâtit, qui reçoit les horions ou les louanges, et non pas vous.»
Complexe, très technique et soumise à de nombreux aléas, la photographie d’architecture est d’abord affaire de complicité et de regard. L’exposition le rappelle en proposant dès l’entrée des grands portraits de Milo Keller. Une lecture analytique mais sensuelle des corps, que l’on retrouve dans ses photos de bâtiments et d’aménagements paysagers. Regard aussi, mais apparemment plus spontané, dans la série d’images personnelles présentées par Michel Bonvin, dont un délicieux cliché montrant des touristes sur un bateau regardant attentivement dans toutes les directions. De quoi méditer, en bonne compagnie, sur le rôle essentiel du point de vue, même quand on vise une certaine objectivité.
Lausanne, Forum d’architectures. Jusqu’au 29 septembre, me-ve 16-19 h, sa-di 14-17 h.
Table ronde le 23 à 18 h 30. Le 21 septembre à 14 h, «Atelier maquette petits-fils d’architecte», avec Pierre-Marie Bonvin et Bruno Keller, dans le cadre de la Nuit des musées.