Cully, au cœur de Lavaux, vit septembre au rythme de «La beauté sur la terre», chef-d’œuvre transformé en spectacle en plein air par Gérard Demierre et Blaise Hofmann.
MYTHE. D’abord, on flâne. Sur les quais de Cully, on croise une fanfare itinérante, une bistrotière débouchonnant du chasselas, des joueurs de quilles, tous habillés à la mode des années 30. Normal: c’est l’époque de La beauté sur la terre, chef-d’œuvre de Charles Ferdinand Ramuz. Ensuite, on longe les quais jusqu’à la place d’Armes, et l’on s’installe sur les gradins. Devant, une scène en forme de valise de 8 mètres sur 12. A gauche, le lac. A droite, les vignobles en terrasses inscrits au patrimoine de l’Unesco. A 21 heures, tout de blanc vêtue, la troupe de comédiens amateurs, dirigée par Gérard Demierre et emmenée par l’expérimenté Gil Pidoux, s’empare du texte. Blaise Hofmann, qui signe l’adaptation, a osé enlever des passages et changer la fin. Ça fonctionne. Elle, la «Beauté», l’étrangère qui met le feu aux cœurs et aux corps, n’apparaît jamais, ombre chinoise poétique sur l’écran blanc des fantasmes des villageois. Après les applaudissements, on va boire un verre sous la cantine, entouré de Culliérans qui ont tous relu le roman pour l’occasion, le trouvant «super», ou «franchement illisible».
A la suite du succès du Garçon savoyard en 2009, la commune de Cully a chargé une nouvelle fois Gérard Demierre de faire revivre Ramuz chez elle, motivant plus de 150 bénévoles, acteurs, techniciens ou figurants. Une initiative qui tombe à pic: on fête cet automne la fin du monumental chantier éditorial piloté par Daniel Maggetti et ayant mené à la publication de Ramuz en Pléiade, et de ses œuvres complètes chez Slatkine.
Jusqu’au 21.9. Billets: 079 170 67 37 ou sur place. Animations à 19 h, spectacle à 21 h.