Fameux représentant de l’Arte povera, l’Italien Giuseppe Penone n’avait jamais eu d’exposition majeure dans un musée romand. Alors même qu’il est défendu depuis des années par la galerie lausannoise d’Alice Pauli et que sa visibilité internationale ne cesse d’augmenter (il était l’invité du château de Versailles en 2013).
Heureuse inititiave, donc, du Musée cantonal des beaux-arts. Surtout que l’institution propose une lecture stimulante de l’œuvre de Penone. Plutôt que d’exposer ses célèbres sculptures arborescentes accompagnées de dessins préparatoires, le musée prend le trait sur papier comme point de départ. Qu’il s’agisse des propres dessins de l’artiste ou des œuvres de sa collection personnelle, riche en Giacometti, Bonnard, Malevitch ou Soutter. Un dialogue fécond s’instaure entre des lignes qui construisent et déconstruisent les formes et les sculptures organiques. Apparaît alors un monde englobant, circulaire, à la fois humain, végétal et transcendant. Sensible comme une peau. Et dominé par la dimension du temps avec ses anneaux de croissance, ses pétrifications, ses empreintes du grand cycle de la vie. Habiter le temps, en sentir le souffle et l’élan, voilà ce que nous propose ce grand artiste.
Giuseppe Penone – Regards croisés. Lausanne, Musée cantonal des beaux-arts. Jusqu’au 3 janvier.