Le prix Goncourt a été attribué à Mathias Enard pour "Boussole", oeuvre consacrée aux échanges incessants entre l'Orient et l'Occident, a annoncé le jury mardi. Le prix Renaudot est pour sa part revenu à Delphine de Vigan pour "D'après une histoire vraie".
Mathias Enard, 43 ans, était l'un des favoris. Il a recueilli six suffrages sur les dix membres du jury de l'académie Goncourt.
"Le livre a sa vie en dehors de nous et parfois cette vie rattrape l'auteur comme en ce moment", a déclaré l'écrivain. Il s'est dit "extraordinairement heureux" d'avoir été distingué. "C'est un roman, une histoire d'amour savante pour donner un côté érotique au partage du savoir", a-t-il ajouté en évoquant "Boussole".
Roman ambitieux, son livre entend réhabiliter l'Orient face aux clichés de l'Occident. Le livre, enfiévré, tient parfois du poème. Les références culturelles innombrables le font aussi parfois pencher vers l'essai érudit.
Mathias Enard, avec son phrasé musical, transmet l'amour de l'Orient et de ses trésors à préserver. Une Boussole pour l'époque", a réagi le Premier ministre, Manuel Valls, sur Twitter.
Les autres finalistes du Goncourt, qui se sont également consacrés aux relations compliquées entre Orient et Occident, étaient l'écrivain franco-tunisien Hédi Kaddour pour son roman "Les prépondérants", Tobie Nathan pour "Ce pays qui te ressemble", et Nathalie Azoulai, seule femme du groupe, avec "Titus n'aimait pas Bérénice".
Le grand absent de la sélection était l'Algérien Boualem Sansal, auteur de "2084" (Gallimard), livre dévoilant un monde livré à un Etat religieux fanatique, éliminé au dernier tour et dont Bernard Pivot avait fait son favori. "Il lui a manqué une voix" pour être retenu dans la sélection finale, a-t-il expliqué.
Boualem Sansal a cependant reçu jeudi le grand prix du roman de l'Académie française, ex-aequo avec Hédi Kaddour.
Dans la foulée du Goncourt, le prix Renaudot a été décerné à Delphine de Vigan, la seule femme figurant parmi les prétendants, pour "D'après une histoire vraie" (JC Lattès).