Le mudac présente deux expos à Lausanne jusqu'au 28 février. "Futur archaïque" se penche sur la tendance à se reconnecter à ses racines en utilisant des techniques modernes. "Freitag ad absurdum" permet aux frères Freitag de pousser le recyclage jusqu'à l'absurde.
Les objets Freitag, en particulier les sacs, sont partout, avec un succès jusqu'à l'autre bout du monde. En récupérant des vieilles bâches de camions et en les recyclant, les Zurichois ont lancé il y a 20 ans un style souvent recopié depuis lors.
Le mudac (Musée du design et des ars appliqués) a donné carte blanche aux frères Freitag qui ont décidé, avec les frères Frank et Patrik Riklin, de pousser le principe jusqu'à l'absurde. Ils ont demandé à des clients de rendre leur sac pour les transformer en bâche de camion. Une centaine de sacs ont ainsi été récoltés. Et la toile est redevenue une bâche de camion.
Les frères Freitag et Riklin sont partis cet été, avec leur camion et sa bâche, à travers la Suisse pour engager le dialogue et multiplier les rencontres. Questionnements sur la production industrielle, usage des ressources: l'exposition met le visiteur au coeur de cette expérience, sans didactisme, souligne le mudac.
Conçue par le sociologue de formation Yves Mirande, "Futur archaïque" présente au mudac une soixantaine d'objets de créateurs internationaux qui concrétisent la tension entre racines et avenir. Par exemple: un silex taillé dans un manche imprimé en 3D.
Face aux évolutions techniques de plus en plus invasives, la réaction peut passer par le rejet et le retrait dans un monde illusoire qui serait indemne de la nouveauté. Pour d'autres, le choix consiste au contraire à retrouver le passé, mais à l'interpréter selon les goûts et les moyens les plus contemporains.
Les matériaux sont typiques de cette interrogation: toisons animales, lave volcanique, crânes et ossements, vessies ou estomacs. "Un retour au fondement et aux fondamentaux. Non pas avec une vision passéiste mais bien au contraire dans une perspective de dynamique qui ne se coupe plus de ses racines pour se reconnecter avec elles", explique Yves Mirande.