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«Je suis le premier fan de Millénium, je n'allais pas le trahir!»

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Chemise bleue roi, regard cinglant, poignée de main ferme: David Lagercrantz, le nouveau monsieur Millénium est le client idéal pour les journalistes qui défilent dans le bureau de son éditeur parisien Actes Sud pour voir la bête: celle qui a osé s'approprier les personnages de feu Stieg Larsson pour que vive la saga Millénium, sa hackeuse de génie Lisbeth Salander et son enquêteur Michael Blomkvist. « Ce qui ne me tue pas » est déjà assuré d'être le best-seller 2015 absolu en librairie. A raison: Lagercrantz a parfaitement rempli sa mission, entrainant Salander et Blomkvist dans une intrigue post-Snowden où une guerre silencieuse se mène entre Google, la NSA et la Hacker Republic.

Comment vous sentez-vous à l'orée de ces trois mois de tournée de promotion?

Rassuré et détendu désormais! Les débats ont été très virulents autour du livre en Suède, j'ai été très critiqué, mon travail a été remis en cause. La cerise sur le gâteau a été cette polémique stupide au sujet de la véracité des citations dans le livre que j'ai écrit avec Zlatan Ibrahimovic: évidemment que les citations n'étaient pas de lui, puisque c'était un travail de création littéraire d'abord, qu'il a ensuite entièrement cautionné. Mais cette polémique, qui arrivait alors que je sortais de l'écriture de Millénium, la chose la plus intense que j'ai jamais faite, m'a cassé. Mais le vent a tourné et désormais on me traite en héros! (rires)

 

Comprenez-vous l'hystérie qui entoure la sortie de ce 4e tome de Millénium?

Franchement, non, et j'ai été très gêné en me voyant apparaitre en une de tous les journaux, occuper un tel terrain médiatique alors qu'en même temps se passe l'actualité internationale, les migrants, Daech, des scandales politiques en Suède…  Je suis conscient d'être le buzz du moment. Les médias vivent une crise et courent après les clics sur leurs sites, du coup le succès appelle le succès. Hélas pour les autres écrivains. Mes amis me disent que je suis une rock star désormais - non! Une rock star est à mes yeux quelqu'un de cool, de détendu, d'un peu mystérieux. Moi je suis nerveux, imbuvable, névrosé, et je parle tout le temps! D'ailleurs n'hésitez pas à m'interrompre si je dis n'importe quoi!

 

Que diriez-vous à Stieg Larsson si vous l'aviez en face de vous?

Je me promènerais avec lui et je lui dirais "Regarde! Tu es devenu une putain de légende! Tu as réussi! Tout le monde te lit!" Je voudrais faire cela avec Kafka aussi, ou Van Gogh, ou Alain Turing, le mathématicien sur lequel j'ai écrit un roman (ndlr: à paraître l'an prochain chez Actes Sud). J'ai rêvé de Stieg, oui, comme de Lisbeth. J'ai été habité comme jamais par ce livres, ces personnages. Ils sont devenus une obsession. Je regrette de n'avoir jamais rencontré Stieg: il est mort avant la sortie de ses livres et signait ses articles dans la revue Expo d'un pseudo pour des questions de sécurité. 

 

Et à Eva Gabrielson, sa veuve, qui n’approuve pas la sortie de cette suite de Millénium?

Je suis navré de ce qu'elle a traversé depuis la mort de Stieg Larsson, et je suis désolé qu'elle n'approuve pas mon livre. Cela me rend triste. Je peux la comprendre, et je la respecte beaucoup. Mais elle ne représente qu'elle même, et les lecteurs sont des millions. J'espère qu'elle finira pas approuver mon travail, et même s'en réjouir pour Stieg. 

 

Que dites-vous aux écrivains qui estiment que personne n'a le droit de s'approprier des personnages créés par d'autres?

Que c'est un excellent débat littéraire, et que je suis partant pour le mener! La littérature n'est pas une chose sacrée, sainte, qu'il faut révérer et laisser s'assoupir dans son coin. Les règles sont faites pour évoluer avec les hommes qui les font. La littérature est une chose vivante, qui peut évoluer, continuer, avec ou sans l'auteur à la base d'une histoire, d'un univers.

 

Craignez-vous l'accueil que les fans de Larsson vont faire au livre?

Je suis confiant. J'ai une bonne histoire. Et si on est fan de Larsson, comme c'est mon cas, on est heureux que son univers continue à vivre. J'ai été terrifié durant l'écriture du livre. Je me levais pour écrire tous les jours à 4 h. J'étais obsédé par histoire, elle me hantait nuit et jour. C'est parfait: l’anxiété a fait de moi un auteur plus efficace.

Propos recueillis par Isabelle Falconnier

Image: 
AFP
Mise en ligne: 
Lundi, 31 Août, 2015 - 17:51
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