John Waters, cinéaste culte avec ses films trash des années 1970 et 1980, est aussi un artiste adorant l'ironie. Le Kunsthaus de Zurich a reçu en don la plus vaste collection dédiée à l'Américain. L'ensemble de 40 oeuvres est à voir jusqu'au 1er novembre.
C'est sous le titre "How Much Can You Take" que l'institution présente la collection reçue en don par le Zurichois This Brunner, lui-même très lié avec le cinéaste de 69 ans à la célèbre fine moustache. This Brunner est connu pour avoir introduit et développé la scène du cinéma d'auteur à Zurich.
La grande partie des oeuvres présentées ont été créées ces dix dernières années. La dernière en date est peut-être celle qui trahit le plus ce qui reste du passé trash de John Waters. Intitulée "Tragedy", il s'agit d'une perruque blonde platine gisant au sol avec un noeud noir et une partie de la peau du front sur lequel elle est posée.
Elle illustre les spéculations sur la mort de l'actrice Jane Mansfield, tuée dans un accident de voiture en 1967. Des rumeurs disent qu'elle aurait été décapitée dans le choc, d'autres affirment qu'une partie de son cuir chevelu aurait été arrachée.
Pour ses oeuvres, John Waters se sert souvent d'images de films. Dans "Rear projection" par exemple, il s'amuse à projeter des films sur des fesses nues. Le titre fait allusion à un effet spécial utilisé au cinéma, mais aussi au fait que "rear" signifie "derrière" en anglais.
Ironie de l'histoire, John Waters entre ainsi par la grande porte au Kunsthaus de Zurich, alors que son film "Pink Flamingos", sorti en 1972 avec pour star le travesti Divine, avait été interdit dans le canton. Une interdiction qui n'a d'ailleurs toujours pas été levée.
C'est de cette époque que date l'amitié entre le cinéaste né à Baltimore et This Brunner. Le Zurichois risquait alors la prison pour avoir projeté son film.
L'Américain sera présent au Kunsthaus le 23 septembre. Il y présentera son one-man-show à succès "This Filthy World".