Deux rappeurs tunisiens ont été jugés et condamnés à leur insu par la justice à 21 mois de prison en raison des paroles de leur chanson pendant un concert. Ils ont été reconnus coupables d'outrage à des fonctionnaires, d'atteinte aux bonnes moeurs et de diffamation.
Selon leur avocat Me Ghazi Mrabet, il s'agit d'une nouvelle atteinte à la liberté d'expression. Il dénonce des "vices de procédure grossiers", affirmant avoit été informé de l'audience vendredi par les médias et seulement lundi par le tribunal d'Hammamet.
Le défenseur accuse également la police d'avoir battu l'un de ses clients, Weld El 15, lors de l'interpellation des deux musiciens dans la nuit du 22 août à l'issue d'un concert à Hammamet. Les policiers estimaient que leurs textes avaient été offensants envers des fonctionnaires, délit passible de prison dans le pays nord-africain.
Certains morceaux datent de l'époque du président déchu par la révolution de 2011 Zine El Abidine Ben Ali. La police était considérée comme l'instrument de la répression contre toutes les formes de critiques à l'égard du régime.
Weld El 15 déjà condamné
Weld El 15, de son vrai nom Ala Yaâcoubi a déjà été condamné en juin à deux ans de prison ferme pour la chanson insultant la police "Boulicia Kleb" (Les policiers sont des chiens). Une décision qui avait fait un scandale en Tunisie. Le rappeur avait ensuite vu début juillet sa peine réduite en appel à six mois avec sursis.
L'opposition accuse a justice et le gouvernement de chercher à restreindre la liberté d'expression acquise après la chute du régime de Ben Ali, et le ministère de l'Intérieur d'obéir aux islamistes d'Ennahda, qui dirigent le gouvernement.