La cuisine "moléculaire" et la "bistronomie" font leur entrée dans le dictionnaire Larousse 2016, qui parie aussi sur les mots "verts" pour "glamouriser" la langue française. Parmi les helvétismes on découvre "schneuquer" (fouiller) ou "bâcher" (cesser, renoncer).
Le dernier cru du célèbre dictionnaire, qui accueille quelque 150 mots nouveaux, fait la part belle aux nouvelles tendances gastronomiques et environnementales. Sans pour autant faire l'impasse sur les mutations scientifiques ou informatiques, ni sur les autres évolutions sociétales.
Mis en vente le 28 mai, le dictionnaire est traditionnellement plus vendu à la rentrée. En France, l'année sera marquée par la conférence internationale sur le climat à Paris (30 novembre au 11 décembre). Larousse a senti le vent et verdi son registre.
Ainsi "l'anthropocène" (période géologique marquée par l'impact environnemental des activités humaines, NDLR) fait son entrée, mais aussi la "durabilité", "l'électrosensibilité", "l'écopastoralisme", et la "particule" (polluante, en suspension dans l'air).
Certains termes s'enrichissent de sens nouveaux: "responsable" n'est plus seulement celui qui "se porte garant" ou celui qui "pèse les conséquences de ses actes", il s'emploie aussi à "respecter les valeurs de développement durable".
"L'oubli" devient numérique. "L'action" est aussi judiciaire et collective. Quant à la "ferme", elle n'est plus exclusivement agricole depuis qu'elle définit un "regroupement de dispositifs identiques dans un même lieu et à même échelle" (ferme de serveurs, ferme photovoltaïque).
Côté cuisine, l'ouvrage a retenu la tomate "coeur-de-boeuf", qui conviendra sans doute aussi bien aux "crudivores", qu'aux "végan". Les baies de "goji" regorgeant de vitamine C et le "guar" pourraient, eux, plaire aux amateurs de "bistronomie", à moins qu'ils ne trouvent une utilisation en cuisine "moléculaire".
Quant aux "fashionistas", entrées l'an dernier dans le dictionnaire, elles devront faire attention de ne pas se "mémériser" en essayant de se "glamouriser".
La francophonie livre quelques pépites: "schneuquer" pour "fouiller, fouiner", vient de Suisse, et "siester" pour "faire la sieste", arrive d'Afrique. Le québécois propose "l'égoportrait" en lieu et place du "selfie".
En matière politique, rien de plus agaçant qu'un "bolos" (ringard) qui aurait attrapé le "melon". Le mot de l'année pourrait être "clivant" pour certains, la "lose" pour d'autres. A moins que "dédiabolisation" ou "rétropédaler" ne prennent le dessus.
Mais, arrêtons de "chouiner" (se plaindre). Pour alléger l'ambiance, après "zénitude" l'an dernier, voici venir "zénifiant", "qui calme, apaise" comme "le parfum de la fleur d'oranger".