L'Haïtienne Yanick Lahens a obtenu lundi le prix Femina pour son roman "Bain de lune". Le Femina étranger récompense l'Israélienne Zeruya Shalev pour son roman "Ce qui reste de nos vies". La ronde des prix littéraires français va se poursuivre cette semaine.
Grande figure de la littérature haïtienne et engagée dans le développement social et culturel de son pays, Yanick Lahens est née à Port-au-Prince en 1953. Elle a été choisie au 2e tour par six voix contre quatre à Marie-Hélène Lafon pour "Joseph".
Son roman est d'une violente beauté sur son pays, traversé par la destruction, l'opportunisme politique, les familles déchirées, mais aussi les mots magiques des paysans.
"Je suis très contente. La reconnaissance fait du bien et je suis surtout sensible au fait que le jury a compris que cette histoire, si elle se passe en Haïti, est universelle", a déclaré Yanick Lahens.
Zeruya Shalev a été distinguée au quatrième tour par cinq voix, contre quatre au romancier irlandais Sebastian Barry. "Ce qui reste de nos vies" est une envoûtante variation, au soir de la vie d'une mère, sur les mystérieux liens tissés entre parents et enfants.
L'auteure s'est dite "ravie d'être la première Israélienne à recevoir ce prix". Il a ajouté vouloir "partager ce moment avec" son père, décédé il y a deux semaines.
La parade des grands prix littéraires français a démarré la semaine passée avec notamment l'attribution du prix de l'Académie française. Il a été décerné à à Adrien Bosc pour "Constellation". Après le Femina ce lundi, suivra le Médicis mardi.
Le prix le plus convoité, le Goncourt, sera décerné mercredi. Deux favoris semblent se détacher: David Foenkinos avec "Charlotte", un best-seller plébiscité par la critique, et l'Algérien Kamel Daoud pour son premier roman "Meursault contre-enquête".
Déjà auteur de "La Délicatesse" (2010), David Foenkinos rend dans son nouvel écrit un vibrant hommage à la jeune artiste Charlotte Salomon, assassinée à Auschwitz en 1943.
Face à ce "goncourable" de 40 ans, les critiques soulignent la "réussite exceptionnelle" de "Meursault, contre-enquête". Le roman de Kamel Daoud, 44 ans, donne la parole au frère de "l'Arabe" anonyme tué par Meursault dans "L'Etranger" d'Albert Camus (1942), avec en contrepoint, l'histoire passée et présente de l'Algérie.